Les piètres conditions de santé et de sécurité ne sont que la pointe de l’iceberg

Arrêtons l’hécatombe chez ArcelorMittal !

Des centaines de travailleurs ont perdu la vie sur les sites du géant de l’acier – qui ont fait au moins 314 victimes entre 2012 et 2023. L’entreprise doit résoudre cette crise de la santé et de la sécurité avec ses travailleurs dès maintenant !

L’OGBL se joint à la première journée d’action mondiale portant sur ArcelorMittal qui a lieu ce 13 septembre 2024 à travers le monde. Cette action est organisée sous l’égide des fédération IndustriAll Europe et Industriall Global dont l’OGBL est membre actif.

Depuis 2012, les décès survenus sur les sites d’ArcelorMittal à travers le monde ont connu une augmentation spectaculaire. 113 dans les mines de la multinationale et 201 dans ses aciéries, au Kazakhstan, en Afrique du Sud, au Brésil, en Espagne, en France, au Maroc, en Ukraine, en Pologne, aux États-Unis et ailleurs.

Toutefois, les syndicats estiment que les vrais chiffres sont encore plus élevés. Au-delà de ces pertes bouleversantes, d’innombrables travailleurs sont confrontés à une détérioration de leurs conditions de santé et de sécurité, et ils sont plusieurs milliers à être victimes d’accidents au travail chaque année.

En 2007, 41 mineurs ont perdu la vie dans un accident au Kazakhstan et les syndicats d’ArcelorMittal du monde entier se sont joints à la société pour former un Comité mixte de santé et de sécurité mondial, chargé de répondre aux préoccupations de sécurité au niveau mondial, de mener des inspections au niveau des différents sites et de résoudre les problèmes urgents.

Depuis la pandémie, ce Comité n’a plus tenu de réunion physique et aucune inspection de site n’a été menée. En 2021, les syndicats ont exprimé leur extrême préoccupation quant au nombre croissant de décès sur les sites opérés par ArcelorMittal et ils ont exigé que l’entreprise convoque à nouveau le Comité et se conforme aux normes de sécurité de l’OIT. Mais elle n’en a rien fait.

Alors que le bilan des décès continue de s’alourdir, l’entreprise n’a toujours pas convoqué cette réunion avec les représentants syndicaux : en août 2023, 5 mineurs ont été tués à la mine Kazakhstanskaya au Kazakhstan et en octobre de la même année, 46 autres ont perdu la vie à la mine de Kostenko, ce qui porte à 180 le nombre total de décès survenus depuis le début des opérations d’ArcelorMittal au Kazakhstan en 1995.

Les syndicats représentant les travailleurs d’ArcelorMittal à travers le monde estiment que l’entreprise s’attache à tirer le maximum de ses actifs au lieu d’investir dans les processus de mise à niveau et de sécurité nécessaires, ce qui entraîne des accidents et des décès prévisibles et évitables.

Il faut que cela cesse ! Les syndicats se réuniront sur les sites d’ArcelorMittal aux quatre coins du monde le 13 septembre prochain, pour une journée mondiale d’action.

Ensemble, nous exigeons qu’ArcelorMittal place la vie et la sécurité des travailleurs au-dessus des profits.

Nous lançons ici un appel à l’action. La vie des travailleurs ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des profits des entreprises. La santé et la sécurité au travail ne sont pas accessoires, elles doivent être une priorité – et les syndicats doivent être impliqués dans les efforts visant à sécuriser les lieux de travail.

Chaque vie compte

 

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L’OGBL se dit globalement satisfait de l’état d’avancement des projets !

Le 5 juin 2024 s’est tenue la troisième réunion du « Comité de suivi des investissements et des effectifs » de l’accord tripartite sidérurgique LUX 2025, en présence du ministre de l’Économie, Lex Delles, et du ministre du Travail, Georges Mischo, ainsi que des syndicats et de la direction d’ArcelorMittal. Cette réunion a permis de faire le point sur l’état d’avancement des projets retenus dans l’accord signé en janvier 2021.

En tant que syndicat majoritaire dans le secteur de la sidérurgie, l’OGBL a évidemment aussi participé à cette réunion qui est venue confirmer que les engagements d’ArcelorMittal envers les salariés et les pouvoirs publics sont actuellement presque intégralement respectés. Cet accord illustre la robustesse du dialogue social luxembourgeois, qui a permis au secteur de la sidérurgie de surmonter de nombreux défis depuis la fin des années 1970 sans pour autant pénaliser les salariés.

Le maintien de l’emploi avant tout !

ArcelorMittal compte actuellement un peu moins de 3 200 salariés au Luxembourg. Les réorganisations prévues par ArcelorMittal envisagent que d’ici fin 2025, les effectifs diminuent jusqu’à environ 3 000 salariés, contre 3 500 salariés encore en 2020. Ces chiffres concernent uniquement le périmètre sidérurgique (c’est-à-dire : les administrations, Belval, Differdange, Dommeldange et Rodange) et la tréfilerie de Bissen.

Tout en soulignant qu’il ne pourra jamais se satisfaire de suppressions de postes, l’OGBL souligne néanmoins que le recours à divers instruments comme les préretraites, la cellule de reclassement (CDR) et les réaffectations ont permis d’éviter un plan social.

Paradoxalement, malgré le sureffectif identifié par l’entreprise, ArcelorMittal est constamment à la recherche de nouveaux salariés en raison des réorganisations et des départs difficiles à remplacer, dans un contexte marqué par une pénurie de main-d’œuvre. Environ 700 salariés ont quitté l’entreprise en un peu plus de trois ans. Ces départs ne sont pas directement liés aux transformations prévues par l’accord. Cette situation inédite est très préoccupante pour l’OGBL, car elle impacte négativement les conditions de travail des salariés au Luxembourg et pose un certain nombre de problèmes au niveau de la transmission des savoirs.

ArcelorMittal maintient le cap au niveau des investissements

ArcelorMittal s’est engagé à investir entre 165 millions d’euros (engagement minimum) et 205 millions d’euros (engagement maximum) au cours des cinq années sur lesquelles porte l’accord (2021-2025). Au bout de trois ans, le seuil minimum a déjà été dépassé, et le niveau des investissements s’approche désormais du seuil maximum. À ce stade, l’OGBL constate donc que l’entreprise respecte ses engagements en matière d’investissements pour les sites du périmètre sidérurgique. Néanmoins, l’OGBL exprime des réserves concernant la tréfilerie de Bissen, où aucun investissement d’avenir n’a été réalisé à ce jour.

Des projets d’investissements supplémentaires (ne relevant pas de l’accord) ont également été présentés lors de la réunion : réduction des émissions diffuses à Differdange et modernisation de l’aciérie de Belval qui s’inscrivent dans les projets de décarbonisation du groupe.

L’avenir des activités d’ArcelorMittal au Luxembourg

L’OGBL continue de surveiller de très près le site de Dommeldange, afin de garantir la pérennité des emplois et la transmission du savoir-faire, tout en veillant au respect des garanties données par le groupe quant au maintien des activités STAF (souder, tourner, ajuster, fraiser). En amont de ce comité de suivi, la direction et les représentants du personnel ont décidé d’organiser une réunion spécialement dédiée à Dommeldange afin de faire un état des lieux de la situation et d’établir un plan d’actions. Ceci vient confirmer l’intention d’ArcelorMittal de vouloir valoriser et maintenir ces compétences au sein de la division « Long Products Luxembourg ».

Quant à Bissen, malgré les promesses et les belles annonces d’investissements, toutes les inquiétudes soulevées précédemment semblent malheureusement se concrétiser. Les investissements peinent en effet à arriver. La situation financière est préoccupante et inquiète les salariés autant que l’OGBL. Le seuil promis de 322 emplois maintenus à Bissen d’ici la fin 2025 n’est actuellement déjà plus respecté. Aujourd’hui, le site ne compte en effet déjà plus que 276 salariés. Le groupe demande par ailleurs davantage d’efforts et un « plan de redressement » qui ne sont pas prévus par l’accord existant. L’OGBL ne peut que constater que le site traverse actuellement une crise sans précédent et qu’une réaction est indispensable ! Face à ce constat, il a été retenu, lors de la réunion, de constituer dans les meilleurs délais un groupe de travail tripartite visant à mettre en place un avenant à l’accord LUX2025 afin de pérenniser le site de Bissen et les emplois qui en découlent. Dans ce contexte, une visite du site sera effectuée avec les ministres.

Concernant la construction du bâtiment au Kirchberg devant accueillir le nouveau siège de l’entreprise, les travaux devraient en principe s’achever dans les délais prévus.

Engagements presque intégralement tenus

Dans un contexte très incertain, marqué par des crises multiples, le groupe ArcelorMittal se porte plutôt bien et les activités au Luxembourg, à une exception près, contribuent activement à cette situation. Pour l’OGBL, ceci est rendu possible uniquement grâce aux salariés et au maintien d’un dialogue social de qualité. L’OGBL continuera à accompagner de près les réorganisations et les transformations, en veillant au respect des intérêts des salariés.

L’OGBL continuera également à revendiquer davantage d’investissements au Luxembourg, aussi bien au niveau de la santé et la sécurité des salariés, que dans les outils de production, ou bien encore au niveau du personnel accompagnant toutes ces évolutions.

Enfin, l’OGBL tient à remercier les ministres Lex Delles et Georges Mischo, ainsi que leurs équipes respectives, pour leur engagement et leur réactivité dans l’accompagnement de cet accord tripartite couvrant le secteur de la sidérurgie et la tréfilerie de Bissen.

Communiqué par le syndicat Sidérurgie et Mines de l’OGBL,
le 6 juin 2024

L’Europe a besoin d’acier, l’acier a besoin de l’Europe

En ce 21 mars 2024, l’OGBL se joint à la journée d’action organisée par IndustriAll — la fédération syndicale européenne qui représente les travailleurs de l’industrie à travers toute l’Europe — dont l’OGBL est un membre actif. Cette journée a lieu un jour avant une réunion de haut niveau organisée par la Commission européenne. Dans ce cadre, les syndicats européens demandent une véritable stratégie industrielle et d’investissement de l’UE pour décarboner le secteur de l’acier et pour que les entreprises sidérurgiques européennes adoptent un comportement socialement responsable au cours de cette transformation massive. C’est le moment d’un dialogue social fort afin de garantir une transition juste pour les travailleurs de l’acier.

Parallèlement à la campagne d’information dans les entreprises, une délégation de l’OGBL composée de délégués d’ArcelorMittal et de Liberty Dudelange a rencontré Lex Delles, le ministre de l’Economie, pour lui remettre un dossier contenant les revendications établies par les syndicats européens en vue de garantir l’avenir des sites et des emplois qui en dépendent. Le ministre de l’Economie a écouté avec attention la délégation de l’OGBL sur les éléments évoqués et a activement participé aux discussions. L’OGBL constate avec satisfaction que l’avenir des activités sidérurgiques et surtout tous les emplois qui en dépendent lui tiennent à cœur. La délégation de l’OGBL était composée de: Araujo Stefano (membre du Bureau exécutif de l’OGBL), Poulain Xavier (vice-président de l’OGBL Sidérurgie et délégué ArcelorMittal), Agostinelli Carlo (délégué ArcelorMittal), Bonilavri Laurent (délégué ArcelorMittal) et Lacouture Hubert (délégué Liberty Dudelange).

Les travailleurs de l’acier de toute l’Europe appellent les décideurs politiques de l’UE, les gouvernements nationaux et les entreprises sidérurgiques à agir de toute urgence pour sauvegarder le secteur et protéger les emplois !

Le secteur sidérurgique européen est en crise :

  • La production d’acier en Europe a diminué de 30 millions de tonnes au cours de l’année écoulée.
  • Des milliers de travailleurs sont au chômage partiel.
  • La crainte de perdre 50 % des capacités de production d’acier en Europe est réelle.
  • Pendant que l’Europe souffre, la surcapacité mondiale de production d’acier continue de croître pour atteindre environ 2 500 millions de tonnes fin 2023.
  • Alors que des sites sidérurgiques européens sont à l’arrêt, la Chine a augmenté ses capacités de 2,2% et l’Inde de 7 ,5%.

L’acier est indispensable à la transition verte de l’Europe et a son autonomie

Stratégique — il doit être sauvegardé !

Les travailleurs européens de l’acier et leurs syndicats se battent :

  • Pour un nouveau plan d’action européen pour l’acier, pour un acier plus vert fabriqué en Europe, afin de garantir un avenir à l’acier européen et à ses travailleurs.
  • Pour des conditions de concurrence équitables au niveau international et la fin des pratiques commerciales déloyales.
  • Pour un approvisionnement en énergie abordable et sûr pour l’industrie.
  • Pour des emplois industriels de qualité.
  • Pour que les entreprises sidérurgiques respectent leurs travailleurs et les communautés dont elles dépendent.

Les syndicats européens font front commun dans leur lutte pour défendre l’acier européen et ses travailleurs.

Communiqué par le syndicat Sidérurgie et Mines de l’OGBL, le 21 mars 2024

Stop à la chasse aux malades! Stop à l’hypocrisie!

Le 17 novembre 2023, l’OGBL Sidérurgie a organisé un piquet de protestation devant le site d’ArcelorMittal à Differdange suite à quatre licenciements pour cause de maladies. Pour l’OGBL, la direction d’ArcelorMittal a franchi une ligne rouge et plus de 150 salariés et militants OGBL se sont réunis pour marquer leur désaccord avec cette décision et pour demander la réintégration des collègues licenciés injustement.

Nous devons par ailleurs constater qu’ArcelorMittal ne respecte pas ses obligations en matière de dialogue social. L’entreprise n’a même pas informé les délégués OGBL qu’elle envisageait de licencier des salariés du «Train Grey» qui occupe environ 300 salariés sur les presque 800 du site de Differdange. Ce sont les salariés qui nous ont informés. Nous savons que l’autre syndicat avait été informé des entretiens par la direction, mais pas l’OGBL. Est-ce pour empêcher que nos représentants soient mis au courant et nous écarter? Pour nous empêcher de défendre les salariés convenablement? Faites-vous votre propre opinion…

L’OGBL dénonce cette chasse aux malades
Conformément à la tradition de la sidérurgie luxembourgeoise, l’OGBL a toujours privilégié la voie du dialogue en cherchant le contact direct avec la direction d’ArcelorMittal pour éviter les licenciements et retourner ces décisions. Malheureusement, nous avons été évités ou ignorés. Les quelques réponses que nous avons obtenues ne nous ont pas satisfaites:  les licenciements seraient limités à un seul service et il n’y en aura pas d’autres. Néanmoins, ces licenciements sont totalement approuvés et soutenus par les décideurs. L’entreprise ne veut pas changer sa position et veut laisser les tribunaux effectuer leur travail. Facile à dire quand on a les moyens de se payer les avocats les plus chers du pays.

La situation et les quelques réponses obtenues nous obligent à agir, en tant que représentants du personnel et surtout en tant que sidérurgistes! Nous ne pouvons pas laisser faire et attendre que les tribunaux décident ultérieurement du destin de nos collègues. Pour la majorité des licenciés, c’était la première convocation et ArcelorMittal ne leur a laissé aucune chance. De plus, nos collègues n’ont pas non plus été convoqués pendant leurs périodes de maladie, encore moins au bout de 6 mois consécutifs de maladie, comme certains le laissent entendre. Cela a été beaucoup sournois! C’était soit au moment de la reprise de travail après une longue maladie ou juste après une brève absence.

L’OGBL dénonce l’hypocrisie du groupe ArcelorMittal
L’information nous a également été rapportée qu’ArcelorMittal justifie ces licenciements en prétextant que les salariés étaient licenciés pour les protéger de la sidérurgie! Le monde à l’envers! ArcelorMittal semble oublier que derrière ces salariés, ce sont aussi des familles qui sont victimes d’une décision visant uniquement à sanctionner des salariés malades. Mais quelles sont les raisons des maladies? Personne ne veut poser cette question, sauf l’OGBL.

La direction d’ArcelorMittal semble oublier que ce n’est pas par plaisir que les salariés tombent malades. Nos collègues préféreraient être en bonne santé et pouvoir travailler. La médecine du travail interne les suivait et les pathologies et les raisons étaient connues. D’où la surprise et le choc pour l’OGBL d’avoir constaté qu’ArcelorMittal organise des entretiens préalables en vue de procéder à des licenciements et surtout maintienne ces licenciements après exposition des faits.

Le travail rend encore et toujours malade
Pour l’OGBL, ces salariés sont malades parce que les conditions de travail les ont rendus malades! Nous pointons trop régulièrement du doigt les problèmes et demandons des solutions, des adaptations de postes, des investissements. Malheureusement, nos demandes sont trop souvent rejetées ou oubliées.

Encore dernièrement, des responsables ont ignoré la détresse de salariés sur des manipulateurs de ponts roulants. Certains ont même dû être mis en incapacité de travail! À côté de cela, nous avions adressé une lettre ouverte à la direction d’ArcelorMittal afin de dénoncer le comportement inacceptable d’un responsable. Nous avons demandé à l’employeur de prendre des mesures concrètes pour enquêter et mettre fin aux dérives. Le point commun entre ces deux faits, est qu’ils se sont produits au «Train Grey» de Differdange, le même service auquel appartiennent nos quatre collègues licenciés! Où est la responsabilité sociale de l’entreprise? Où est le respect des engagements pris par ArcelorMittal dans le cadre des accords tripartites?

Nous constatons que ces licenciements ont eu lieu dans des secteurs qui ont été longuement en sous-effectif! Lors des entretiens préalables, la hiérarchie n’a jamais été en mesure de citer des exemples concrets de l’impact des absences pour maladie sur les arrêts. Il n’y a pas de lien entre les deux. Ceci n’empêche pas le fait que les absences pour maladie mettent davantage en évidence le sous-effectif dans les secteurs. Et c’est là le serpent qui se mange la queue, puisque cela engendre davantage de maladies et intensifie le mal-être des salariés.

Les salariés d’ArcelorMittal ne vont pas bien
Les enquêtes le démontrent et le confirment. Nous savons que de nombreux salariés sont accompagnés par des spécialistes. L’OGBL avait interpellé la médecine du travail interne à ce sujet et avait posé une simple question: «est-ce que les salariés d’ArcelorMittal vont bien?» La réponse était aussi claire qu’elle n’était brève: «NON». Malgré le fait que la réponse ait été entendue par la direction, nous ne constatons aucune amélioration.

La direction d’ArcelorMittal établit des «règles d’or» que tous les salariés doivent respecter tels que: «Si je ne me sens pas bien, je reste chez moi, je consulte mon médecin et je suis ses recommandations», «En cas de restrictions ou d’aménagement du poste de travail, je respecte les recommandations du médecin de travail», «Avant de travailler, j’ai suffisamment dormi, je suis reposé». Les salariés en question ont suivi ces règles et ils ont néanmoins été sanctionnés et licenciés. Est-ce que ces règles sont juste là pour permettre à ArcelorMittal de se dédouaner de toute responsabilité? Aujourd’hui, nous constatons que les règles sont surtout utilisées pour sanctionner les salariés.

Il y a encore peu de temps, nous avions convenu avec la direction de nous revoir pour faire le point et tenter de trouver des solutions communes aux cas de maladies qui augmentent. Le sujet n’est pas un tabou et doit faire l’objet d’une analyse en profondeur pour mettre en évidence les raisons de ces maladies et la corrélation avec l’activité professionnelle. Aujourd’hui, nous n’avons d’autre choix que de constater que ces licenciements annulent ces engagements.

La chasse aux malades est ouverte
Nous devons également faire le rapprochement avec d’autres faits. ArcelorMittal n’a pas digéré le fait que l’OGBL ait bloqué par tous les moyens et avec succès l’introduction de sanctions liées aux maladies dans la dernière convention collective. Par ailleurs, les dirigeants d’ArcelorMittal ne cessent de revendiquer l’introduction de jours de carence en cas de maladies au Luxembourg. Le fait de ne pas payer les salariés malades ne va pas empêcher les salariés de tomber malade.

La volonté et les intentions sont claires. ArcelorMittal s’attaque au patient, jamais à la maladie ou encore moins à l’origine de la maladie. Pour l’OGBL, il y a une volonté de faire un exemple et d’instaurer un climat de peur qui contraint les salariés à venir travailler malades par crainte d’être les prochains. L’humain ne compte plus, seul le résultat compte.
Tout ceci a lieu dans un contexte plus que favorable. ArcelorMittal sort de deux années de bénéfices records au Luxembourg, et l’année 2023 s’annonce très bonne. Aucun arrêt de production n’est dû aux salariés. Ils sont surtout liés au manque de fiabilité des installations, aux problèmes logistiques ou au manque d’investissements. Malgré cela, les Ressources humaines d’ArcelorMittal établissent régulièrement des analyses sur l’absentéisme d’après le facteur «Bradford». Ce n’est plus une personne qui apprécie les situations, mais une formule mathématique inhumaine. L’entreprise ferait mieux de veiller à l’application des accords en vigueur et de veiller au respect des effectifs suivant les organigrammes, à l’anticipation des départs, ou encore à l’adaptation des taux de couverture aux changements de loi. Nous ne parlons même pas du casting et de la formation des managers.

Ce piquet est une première étape, un avertissement lancé au groupe ArcelorMittal.

L’OGBL Sidérurgie exige la fin de cette chasse aux malades et la réintégration des salariés licenciés et surtout la recherche de vraies solutions permettant aux collègues de continuer à travailler au sein d’ArcelorMittal.

L’OGBL continuera à assister les salariés dans toutes leurs démarches et continuera à soutenir toutes les personnes qui ont fait l’objet d’agressions, d’intimidations ou de provocations. Dans ce contexte, nous appelons tous les salariés à dénoncer les abus, les harcèlements, les remarques déplacées via les instances prévues à cet effet.

L’OGBL Sidérurgie continuera à défendre ces positions et à interpeller les décideurs du groupe. Plus que jamais, ArcelorMittal doit prendre ses responsabilités. Une entreprise qui emploie plus de 3000 salariés au Luxembourg a la taille et les moyens de faire mieux. Elle a l’obligation d’aider ses salariés. Si l’entreprise ne change pas d’attitude, nous serons contraints de continuer nos actions et de les amener plus près des décideurs.

L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell

Liberty Dudelange – La situation s’aggrave

Le 4 décembre 2023, quelques jours après la passation des pouvoirs, les syndicats OGBL et LCGB, la délégation du personnel soutenue par les syndicats, ont rencontré Georges Mischo, ministre du Travail, et Lex DELLES, ministre de l’Économie, afin de faire le point sur la situation quant au site de Liberty Dudelange.

Cette réunion, demandée par les syndicats, fait également suite à la rencontre organisée par la direction de Liberty en date du 23 novembre pour demander aux délégués du personnel, ainsi qu’aux syndicats OGBL et LCGB d’entamer les négociations en vue de mettre en place un Plan de maintien dans l’emploi (PME) afin de garantir le paiement des salaires.

Le scénario d’un défaut de paiement se précise. La situation ne cesse d’empirer. L’entreprise a informé les représentants du personnel qu’elle n’était plus en mesure de garantir le paiement des salaires pour les mois à venir. La patience des salariés, des délégués et celle des syndicats est épuisée. Depuis maintenant presque trois ans, les paroles et les promesses sans lendemain créent une lassitude omniprésente sur le site devenu fantôme. Le climat d’incertitude suscitant une ambiance toujours plus lourde sur le site.

Les représentants du personnel ont également réitéré leur demande de soutien de la part du gouvernement, déjà confirmé par le passé par les précédents ministres. Ce soutien consistait en deux points essentiels :

1. L’accompagnement des salariés afin d’éviter les pertes momentanées de salaire en cas de faillite du site de Dudelange sous la bannière Liberty.

2. La réactivation d’un plan B afin d’évaluer et de relancer les solutions de reprise des activités et du personnel par un nouvel acteur industriel sérieux.

Les ministres Delles et Mischo, en présence des conseillers ministériels qui suivent le dossier de près, ont conforté les représentants du personnel sur leurs intentions et engagements pris vis-à-vis des salariés de Dudelange et ils ont confirmé la volonté du gouvernement de soutenir les salariés en vue de la reprise de l’activité sur le site de Dudelange.

Les ministres ont également annoncé qu’ils allaient prochainement rencontrer la direction de Liberty afin de faire le point sur la situation et évaluer les différentes perspectives. De leur côté, les syndicats OGBL et LCGB continuent de juger l’attitude du groupe Liberty comme des plus minables. Liberty tue le site de Dudelange à petit feu et prend ses salariés en otage afin d’obtenir des aides publiques sans concessions, ni contreparties. Les syndicats et la délégation du personnel ont affirmé leur perte de confiance face au Groupe Liberty, ne pouvant plus s’imaginer une reprise de l’activité avec ce groupe.

Les syndicats OGBL et LCGB ont remercié les deux ministres, en mettant l’accent sur le soutien et l’accompagnement fournis jusqu’ici. Si un semblant de calme et de paix sociale existe encore du côté de Dudelange, c’est aussi grâce à l’engagement et le soutien public.

Publié le 7 décembre 2023

Déclaration du réseau syndical mondial IndustriALL Global Union ArcelorMittal

Nous, les représentants des syndicats d’ArcelorMittal du monde entier et IndustriALL Global Union, unis dans notre engagement pour les droits et le bien être des travailleurs, publions cette déclaration à la lumière des questions urgentes identifiées lors de notre récente réunion.

La situation critique de la santé et de la sécurité au travail (SST) chez ArcelorMittal exige une attention immédiate. La priorité accordée par l’entreprise aux résultats financiers au détriment de la sécurité et du bien-être de ses travailleurs est non seulement inacceptable, mais elle constitue également une menace directe pour la vie de ceux qui contribuent à son succès. Cela est d’autant plus frappant qu’ArcelorMittal réalise des bénéfices records et jouit d’une situation financière solide.

En outre, l’approche de la direction à l’égard des syndicats concernant la santé et la sécurité au travail et les questions sociales au sens large est profondément préoccupante. L’absence de dialogue et de consultation significatifs en dépit de la déclaration sur le site web de l’entreprise selon laquelle “une supervision supplémentaire de la sécurité est assurée par le Comité mondial de la santé et de la sécurité (GHSC) qui partage et promeut les meilleures pratiques et est présidé par le responsable de la santé et de la sécurité de l’entreprise” a conduit à des relations tendues, appelant à un changement fondamental dans l’approche d’ArcelorMittal en matière de relations de travail.

La récente tragédie au Kazakhstan, qui a fait 46 morts, a mis en lumière le besoin essentiel d’inclure les syndicats dans les enquêtes indépendantes. Nous demandons que les représentants des travailleurs fassent partie de la commission chargée d’enquêter sur cette catastrophe et sur toute discussion relative au transfert des opérations.

En Ukraine, les travailleurs sont confrontés à un stress et à une incertitude énormes en raison de la guerre en cours. Le refus de PJSC ArcelorMittal Kryvyi Rih d’étendre la convention collective pendant la loi martiale et pour six mois supplémentaires après son expiration, ainsi que la décision de la direction de l’entreprise de n’étendre la convention collective qu’à condition que des changements soient apportés qui aggravent considérablement la situation des travailleurs, constituent une forme de chantage collectif que nous condamnons fermement. Nous exprimons notre soutien et notre solidarité indéfectibles aux travailleurs ukrainiens en ces temps difficiles. Nous demandons à ArcelorMittal de prolonger la convention collective de PJSC ArcelorMittal Kryvyi Rih pendant la période de la loi martiale et six mois après la fin de la guerre.

Nous soutenons les actions organisées le 20 novembre en Bosnie Herzégovine, le 23 novembre en Italie et le 27 novembre en République tchèque. Ces manifestations de solidarité sont essentielles pour exprimer nos préoccupations collectives et plaider en faveur du changement.

L’investissement dans la décarbonisation est un autre domaine dans lequel ArcelorMittal doit accroître considérablement ses efforts. Les stratégies d’investissement actuelles de l’entreprise ne répondent pas de manière adéquate au besoin urgent d’opérations durables et responsables. En outre, nous insistons pour que toute aide publique accordée à ArcelorMittal soit conditionnée à l’adhésion de l’entreprise à des normes strictes en matière d’emploi, de conditions de travail, de formation, de dialogue social et de santé et sécurité au travail. Les fonds publics doivent soutenir les entreprises engagées dans des pratiques commerciales responsables et éthiques.

Nous appelons les gouvernements et les institutions internationales à veiller à ce que l’aide publique, en particulier pour les efforts de décarbonisation, soit conditionnée au maintien et à l’amélioration des conditions sociales. La transition vers une économie plus verte ne doit pas se faire au détriment des droits et du bien-être des travailleurs.

Nous insistons également sur la nécessité d’une action immédiate pour garantir la sécurité des travailleurs dans toutes leurs opérations, en particulier en Afrique du Sud et en Italie, ainsi que des mesures de protection pour les travailleurs confrontés à des conditions terribles (chaleur extrême) et à des pratiques antisyndicales au Brésil. Il s’agit là d’aspects non négociables du bien être des travailleurs.

Compte tenu de la gravité de la situation, nous nous voyons contraints d’agir. Nous envisageons de prendre des mesures à l’encontre d’ArcelorMittal, de demander des comptes à l’entreprise et de faire pression pour que des améliorations significatives soient apportées aux conditions de travail et aux droits de ses employés dans le monde entier. Nous défendrons collectivement la dignité, la sécurité et le traitement équitable de tous les travailleurs d’ArcelorMittal.

En outre, nous évaluerons notre participation au comité mixte de santé et de sécurité (CMSS) à la lumière des réponses et des mesures prises par la direction d’ArcelorMittal. La poursuite de notre participation dépendra de l’engagement de l’entreprise à ré pondre véritablement aux préoccupations soulevées et à mettre en œuvre les changements nécessaires.

Cette déclaration est un appel à l’action pour ArcelorMittal. Nous exigeons des changements tangibles et un engagement en faveur de la sécurité, des droits et de la dignité de tous les travailleurs dans l’ensemble de ses activités mondiales. Notre voix collective continuera à défendre ces principes fondamentaux jusqu’à ce qu’ils soient pleinement réalisés et respectés.

Publié par le syndicat Sidérurgie et Mines de l’OGBL,
le 1er décembre 2023