Le département de Immigrés célèbre les 50 ans de la Révolution des œillets

Salle comble à la Maison du peuple à Esch/Alzette, le 3 mai dernier.
Plus d’une centaine de personnes étaient venues assister à la célébration du 50e anniversaire de la Révolution des œillets qui en 1974 est venue renverser la dictature fasciste au Portugal. La soirée était organisée par le département des Immigrés de l’OGBL.

Après le mot de bienvenue de la présidente du département des Immigrés, Sónia Neves, la soirée a débuté par une table-ronde, modérée par José Luís Correia du département des Immigrés, à laquelle ont participé Mars Di Bartolomeo (député LSAP), Maria Eduarda Macedo (ancienne conseillère communale de la ville de Luxembourg pour déi gréng), Carlos Trindade (membre du Comité économique et social européen et ancien dirigeant du syndicat portugais CGTP) et Acácio Pinheiro (membre de longue date de l’OGBL et ancien soldat de la guerre coloniale).

Dans son introduction, José Luís Correia est revenu sur les dates clés des années de dictature au Portugal. En 1926, un coup d’Etat militaire vient mettre fin à la Première République et installe une dictature, qui se durcit en 1933 avec l’entrée au gouvernement de António de Oliveira Salazar. Celui-ci s’attribue tous les pouvoirs en créant un nouveau régime, l’«Estado Novo» (État nouveau). Il restera au pouvoir jusqu’en 1968. Lui succède Marcello Caetano avec la promesse d’en finir avec la guerre coloniale, qui depuis 1961 s’est propagée de l’Angola au Mozambique, puis à la Guinée-Bissau. L’ouverture promise Caetano n’arrivera jamais et le matin du 25 avril 1974 de jeunes capitaines de l’armée renversent le pouvoir en place, avec pour objectifs: décoloniser, démocratiser et développer le pays (les «3D »).

Comme il l’a rappelé, Mars Di Bartolomeo avait 22 ans à l’époque et était jeune journaliste au Tageblatt. Il se souvient avoir vu arriver les télex et les informations du coup d’Etat en cours au Portugal et de l’énorme vague d’espoir que cela a suscité dans la rédaction. Mars Di Bartolomeo a retrouvé la chronique qu’il a écrit le jour suivant et confie qu’il en a eu «les larmes aux yeux ». Il a également rappelé qu’à l’époque, Franco «régnait» encore en Espagne et qu’un coup d’État venait d’avoir lieu au Chili en septembre 1973.

Carlos Trindade avait quant à lui 19 ans en 1974. Il se souvient surtout de la liesse populaire dans les rues de Lisbonne ce 25 avril au matin. Il y avait de la joie, une soif de liberté et les gens saluaient les soldats qui passaient dans les chars. Il y avait aussi cette jeune fille qui soudain enfila un œillet dans le canon de fusil d’un soldat, qui en fit le symbole de la révolution. Carlos Trindade, qui était déjà un syndicaliste actif depuis ses 17 ans, se souvient surtout de la liberté politique et syndicale que la révolution apporta avec elle. L’événement le plus marquant fut pour lui le 1er mai 1974, le jour où des millions de personnes sont sorties dans la rue pour fêter la nouvelle liberté conquise et, pour la première fois, la journée des travailleurs.
Maria Eduarda Macedo avait elle 14 ans à l’époque et c’est son grand-père qui ce matin-là l’emmena dans les rues de Lisbonne déjà pleines de monde. Issue d’un milieu plutôt privilégié, fille de la chanteuse Simone de Oliveira, qui était déjà une star à l’époque, Maria Eduarda Macedo dit que ce qui l‘a le plus marquée, c’est que les gens, pour la première fois, parlaient sans contraintes, sans peur. Ils parlaient avec l’espoir d’un avenir meilleur. Maria Eduarda Macedo se rappelle aussi de ce que les femmes ne pouvaient pas faire avant 1974: elles n’avaient par exemple pas le droit d’avoir un compte en banque, de porter certains vêtements, de voyager seule ou de travailler sans autorisation de leur père ou de leur mari. Seul un quart des femmes travaillaient. Et le divorce, les contraceptifs ou bien encore l’avortement étaient interdits.

Quant à Acácio Pinheiro, il était un jeune soldat de 23 ans en 1974. Le matin du 25 avril, il était en mission en pleine cambrousse, à Cabinda en Angola. Sa première réaction: «encore un coup d’Etat?». Il y avait en effet déjà eu trois tentatives de renverser le régime: deux en 1961 et une en mars 1974. Sans missions à accomplir, Acácio Pinheiro se souvient que lui et ses hommes ne rêvaient que d’une chose, retourner en «métropole» au Portugal. De retour en 1975 dans son petit village de Samel (Vilarinho do Bairro, Aveiro), il se rappelle que tout avait changé: l’attitude libre des gens, la gaieté et le franc-parler du peuple même dans l’arrière-pays. Ils ne s’enfermaient plus chez eux, sortaient allégrement dans la rue, discutaient les uns avec les autres, chose considérée suspecte pendant la dictature, Le 1er mai 1975 fut un choc pour lui, il n’avait jamais vu autant de gens dans les rues pour célébrer la Journée des travailleurs.

Tous les intervenants de la table ronde ont souligné l’importance du fait qu’aujourd’hui la démocratie au Portugal a déjà vécu plus longtemps que la dictature. Et qu’il faut à tout prix préserver «les acquis d’avril», la liberté et la démocratie, surtout en ces temps de polarisation politique et sociale.

José Luís Correia a rappelé dans ce contexte qu’en 2019, l’extrême-droite se réclamant de l’héritage salazariste est revenue au Parlement portugais, avec l’élection d’un député, puis 12 députés en 2022 et désormais 50 depuis les législatives du 10 mars 2024. En ce moment-même, a rappelé José Luís Correia, «les témoignages de nos invités sont importants pour le devoir de mémoire sur la dictature et la Révolution des œillets». La liberté n’est jamais chose acquise, il faut la défendre à toutes les époques, car comme le disait l’écrivain George Santayana: «ceux qui ne peuvent pas se souvenir du passé sont condamnés à le répéter».

Au cours de la soirée, plus d’une centaine d’œillets ont été offerts au public, qui a également eu droit à la «Grândola Vila Morena», hymne de la révolution, interprétée par le Grupo Cantares Alentejanos. L’actrice Magaly Teixeira est quant à elle venue déclamer des poèmes de la révolution. La soirée s’est enfin clôturée avec le concert du contrebassiste Miguel Calhaz, venu de la ville de Sertã pour présenter son dernier album «ContraCantos » avec des «chansons d’avril».

L’article a été publié dans l’Aktuell (3/2024)

L’OGBL cherche des solutions aux problèmes spécifiques que rencontrent de nombreux Portugais vivant ou ayant vécu au Luxembourg

Une délégation de l’OGBL a récemment rencontré le député portugais, Paulo Pisco, élu du Parti socialiste portugais pour le cercle de l’émigration au Parlement portugais. La délégation de l’OGBL était composée à cette occasion de Carlos Pereira, membre du Bureau exécutif ; Sonia Neves et José Luís Correia du département des Immigrés ; José Luís Gonçalves du syndicat Commerce ; Dores Azeredo du syndicat Nettoyage et Joe Gomes du syndicat du Bâtiment.

La réunion a porté sur plusieurs points, dont principalement :

  1. la double imposition des pensionnés qui retournent vivre au Portugal
  2. l’assurance-dépendance, qui n’est toujours pas reconnue au Portugal
  3. les frais de scolarité (les « propinas ») des élèves qui suivent des cours de portugais en dehors du Portugal et les salaires des enseignants de ces cours de portugais au Luxembourg
  4. les services du Consulat du Portugal au Luxembourg et les salaires des fonctionnaires consulaires
  5. les situations précaires et de pauvreté que connaissent de plus en plus de Portugais au Luxembourg
  6. l’accord sur la formation professionnelle en langue portugaise
  7. les indemnités d’attente des personnes en situation de reclassement professionnel

(1) L’OGBL a fait part au député portugais du problème de la double imposition des pensionnés qui retournent vivre au Portugal — un problème de longue date qui n’est toujours pas résolu. Paulo Pisco s’en est étonné, en soulignant que la double imposition est illégale et que les administrations fiscales des deux pays collaborent pour éviter ce genre de situation.

Or, comme les représentants de l’OGBL l’ont expliqué : une pension luxembourgeoise, qui est taxée à la source (au Luxembourg, donc !), puis envoyée au pensionné qui vit au Portugal, est à nouveau imposée par l’administration fiscale portugaise lorsqu’elle dépasse un certain plafond suivant le barème fiscal du pays. Ceci est inacceptable pour l’OGBL !

Paulo Pisco a indiqué qu’il prendra une initiative législative à ce sujet au sein de son groupe parlementaire.

(2) L’OGBL a ensuite présenté à Paulo Pisco le dispositif Luxembourgeois de l’assurance-dépendance et des soins à domicile. Le parlementaire a immédiatement rapproché ce dispositif des « cuidados continuados » (« soins continus ») que le Service nationale de santé (SNS) propose au Portugal. Toutefois, si au Luxembourg, il suffit de solliciter des prestations de l’assurance-dépendance, les « cuidados continuados » au Portugal ne sont prévus que pour les personnes vivant dans le besoin et n’ayant vraiment pas d’autres alternatives pour accéder à des soins. Il serait difficile d’en faire bénéficier les pensionnés venant du Luxembourg, considérés comme « bien lotis ». L’OGBL a expliqué que l’assurance-dépendance fonctionne très bien déjà en Autriche et en Allemagne, pays avec qui le Luxembourg dispose d’accords réciproques en la matière.

Paulo Pisco a estimé qu’il serait peut-être plus opportun de travailler à une législation européenne obligeant tous les Etats-membres à se coordonner à ce niveau.

(3) En ce qui concerne les « propinas », le député portugais a rappelé que c’est si c’est bien le gouvernement social-démocrate qui, en 2013, a décidé de faire payer des frais d’inscriptions aux élèves portugais vivant à l’étranger, lui-même y a toujours été opposé, également à l’époque où son parti l’a proposé. Mais la proposition est passée. Paulo Pisco a assuré qu’il poursuivrait ses efforts pour en finir avec ces frais d’inscriptions.

En raison de ces frais d’inscription, nombre d’élèves ne fréquentent plus les cours de portugais. De plus, on constate désormais, d’une part, qu’il n’y a pas assez d’enseignants de portugais au Luxembourg et que beaucoup de communes ne proposent pas de tels cours, d’autre part, de plus en plus d’enseignants portugais se détournent de ces cours car les salaires ne sont pas attractifs — ces derniers préférant aller travailler pour le ministère de l’Education luxembourgeois.

(4) Concernant les services consulaires, l’OGBL observe que beaucoup de personnes rapportent ne pas savoir fixer un rendez-vous en ligne au Consulat sur la plateforme numérique créée à cet effet. Paulo Pisco fait remarquer qu’il y a toujours la possibilité de le faire par téléphone. Mais le problème avec le téléphone, c’est que souvent, personne ne répond.

En ce qui concerne les salaires des fonctionnaires du Consulat et de l’Ambassade du Portugal au Luxembourg, certains ne sont toujours pas indexés, comme le prévoit pourtant la législation luxembourgeoise en la matière — une situation déjà dénoncée par l’OGBL. Le député portugais a assuré qu’il ferait part à l’ambassadeur des préoccupations de l’OGBL en ce qui concerne ces deux points.

(5) L’OGBL a également souligné auprès de Paulo Pisco que de plus en plus de Portugais se retrouvent aujourd’hui dans des situations de pauvreté et de précarité au Luxembourg, que ce soit suite à la perte d’un emploi (les Portugais sont les plus représentés à l’ADEM), ou, que même en occupant un emploi, ils sont confrontés à des difficultés financières. Le Luxembourg affiche en effet un taux de « working poor » (travailleurs pauvres) de 17% et les Portugais y figurent parmi les plus nombreux.

Selon Paulo Pisco, ce phénomène étant un problème social plutôt propre au Luxembourg, il ne saurait intervenir. Dans ce contexte, l’OGBL a toutefois suggéré au député qu’il serait peut-être de relancer la campagne des sensibilisation « Emigrar de olhos abertos » (Emigrer les yeux ouverts) que le gouvernement portugais avait lancé il y a quelques années, car force est de constater que nombre de Portugais concernés s’avèrent être de nouveaux-arrivants.

(6) Une manière d’aider les salariés et les chômeurs portugais à faire face à leurs difficultés pourrait justement consister dans le fait de leur proposer de la formation professionnelle continue adaptée à leurs besoins. L’OGBL a ainsi demandé à Paulo Pisco qu’il intervienne auprès des autorités compétentes, pour relancer l’accord sur la formation professionnelle en langue portugaise, qui n’a jamais vraiment été mise en pratique.

(7) L’OGBL a également sollicité Paulo Pisco pour qu’intervienne auprès des autorités portugaises afin que les salariés en reclassement professionnel qui perçoivent une indemnité d’attente depuis 2002 puissent bénéficier d’une sorte d’amnistie. L’objectif étant que les personne concernées puissent percevoir une pension d’invalidité.

La réunion s’est achevée sur la promesse faite par Paulo Pisco de donner suite aux questions et revendications présentées par l’OGBL.

Publié par le département des Immigrés de l’OGBL,
le 27 juin 2024

5e rencontre de syndicalistes, conseillers et dirigeants d’associations lusophones en Europe

Depuis 1992, la CGTP-IN et l’OGBL organisent au Luxembourg une rencontre entre syndicalistes, conseillers des communautés et dirigeants associatifs lusophones en Europe. La cinquième édition s’est tenue les 11 et 12 novembre 2023 au CEFOS à Remich.
La délégation de la CGTP comprenait Fernando Gomes et João Barreiros, tous deux membres du Comité exécutif, et des syndicalistes représentant plusieurs secteurs spécifiques. La secrétaire-générale de la CGTP, Isabel Camarinha, a quant à
elle participé par vidéo-conférence depuis Lisbonne.

Etaient présents du côté de l’OGBL, sa présidente Nora Back, Carlos Pereira et David Angel du Bureau exécutif ainsi qu’Eduardo Dias e Sónia Neves du département des Immigrés, entre autres membres et forces syndicales.

Etaient aussi présents des représentants de partis portugais, des dirigeants du mouvement associatif lusophone au Luxembourg, des membres du CCP-Conseil des Communautés Portugaises (organe consultatif du gouvernement portugais pour les questions d’émigration) et des syndicalistes du SPE-Syndicat des professeurs portugais à l’étranger, UNIA (Suisse), IGMETALL (Allemagne), CIG France, CIG-Galicie (Espagne) et UNTC-CS (Cap-Vert).

Immigration portugaise non-stop

Carlos Pereira a abordé la question de l’immigration portugaise au Luxembourg, constante depuis 60 ans. Il se rappelle que «les premiers portugais avaient un niveau de scolarité plutôt bas. Ceux qui arrivent actuellement sont hautement qualifiés. Ce sont deux expériences de l’immigration très différentes». Il s’est dit content de constater qu’aujourd’hui les ressortissants portugais sont mieux intégrés et présents désormais dans tous les secteurs d’activité, du Bâtiment au Nettoyage, du Commerce à la Santé, en passant par l’Education, la Finance, jusque dans la Fonction publique.

Un salaire minimum de 1 000 euros en 2025

João Barreiros a, quant à lui, expliqué qu’au Portugal «quelque 935.000 salariés doivent (sur)vivre avec un salaire minimum de 760 euros, ce qui se traduit en réalité par un salaire net de 676 euros. Cela ne permet pas de vivre dignement aujourd’hui! Deux travailleurs sur trois gagnent moins de 1.000 euros/mois. C’est le reflet d’une politique de bas salaires et de travail précaire qui pousse les travailleurs, surtout les jeunes, à émigrer. » Le salaire minimum portugais passera à 820 euros en janvier 2024. Pour la CGTP, c’est insuffisant face à la perte de pouvoir d’achat des salariés. Le syndicat demande une augmentation générale des salaires de 15 % et un salaire minimum de 910 euros en 2024 et de 1.000 euros en 2025.

João Barreiros a également critiqué la Commission européenne pour sa «politique néolibérale qui s’attaque aux droits des salariés, des migrants et des réfugiés, qui a détruit la production nationale, l’industrie, la pêche et l’agriculture. En même temps, l’on constate moins d’investissement dans les services publics et les fonctions sociales de l’Etat, la clôture d’hôpitaux, et il manque des d’enseignants partout dans les écoles du pays».

Joaquina Almeida de l’UNTC-CS s’est dite également inquiète avec l’émigration massive au Cap-Vert. Le chômage des jeunes s’y élève à 40 % parmi les 15-34 ans, ce qui les poussent à venir en Europe, la plupart du temps comme main-d’œuvre bon marché. Pour l’archipel, cela signifie la perte de ses jeunes. Attirés par de meilleurs salaires en Europe ou des emplois tout courts, «les cap-verdiens sont condamnés à l’émigration » regrette la dirigeante. En effet, si le pays compte aujourd’hui une population d’un demi-million d’habitants, il y en a trois fois plus qui vivent à l’étranger.

Lors de son intervention, Eduardo Dias a critiqué le manque d’investissement de l’Etat portugais dans les cours de portugais à l’étranger, destinés aux enfants d’émigrés. Il a rappelé qu’à un moment, il y avait 56 instituteurs portugais au Luxembourg et qu’aujourd’hui, avec beaucoup plus d’élèves, il y a pourtant beaucoup moins d’enseignants ». Il a aussi exigé que les autorités portugaises informent mieux les associations de l’émigration sur les aides qu’elles peuvent demander auprès de l’Etat portugais.

Solidarité et lutte intersyndicales

La secrétaire-générale de la CGTP, Isabel Camarinha, défend une «lutte générale au niveau internationale pour l’augmentation des salaires». La chute du gouvernement portugais, début novembre, l’inquiète, car la droite et l’extrême droite unissent leurs forces en vue des législatives de mars 2024. La dirigeante a évoqué dans ce contexte le 50e anniversaire de la Révolution des œillets, le 25 avril 2024, pour rappeler que son syndicat refusera toute «politique fascisante» de tout futur gouvernement.

La présidente de l’OGBL, Nora Back, a bien évidemment marqué son accord quant au fait que le combat contre les bas salaires doit être mener tant au niveau national qu’international. «Il faut renforcer la solidarité intersyndicale au-delà des frontières», au moment où des guerres et les crises servent d’excuses au patronat pour éroder les acquis sociaux des travailleurs dans le monde. «Nous devons protéger ces droits, combattre les politiques d’austérité, le dumping social, et demander plus d’investissements dans des politiques sociales ».

Résolution

Fernando Gomes a présenté la Résolution approuvé pendant la rencontre. Le document, à remettre au gouvernement portugais, exige, entre autres, de mieux défendre les droits et l’intégration des portugais à l’étranger; une politique de coopération, d’immigration et d’asile à l’abri des droits humains; la criminalisation de l’exploitation des travailleurs; plus d’articulation entre organismes d’inspection du travail dans l’UE; «mieux combattre la précarité face au néolibéralisme galopant ».

Avec 25 % d’émigrés, le Portugal est le pays de l’UE avec la plus grande partie de sa population émigrée. Pour la CGTP et l’OGBL, le Portugal doit miser sur la création d’emplois dans les secteurs productifs pour répondre aux nouvelles qualifications des jeunes et éviter qu’ils émigrent. En 2019, le gouvernement portugais a créé un programme d’encouragement pour le retour au pays («Programa Regressar »), initiative qui a eu peu de succès, les mesures proposées étant très insuffisantes, estiment les deux syndicats.
En amont de la rencontre, les syndicats du Commerce, Bâtiment et Nettoyage de la CGTP et de l’OGBL se sont rencontrés lors de réunions bilatérales. Chaque partie a présenté la situation actuelle dans ces secteurs respectifs au Portugal et au Luxembourg, tout comme les combats qui se profilent à l’avenir au niveau syndical, politique et social.

L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell

Le département des Immigrés de l’OGBL poursuit son combat contre toutes les formes de discriminations

Le département des Immigrés de l’OGBL a tenu son assemblée générale le 20 mars 2021. Une assemblée générale au cours de laquelle un nouveau Comité exécutif a notamment été élu, qui sera désormais présidé par une femme, Sónia Neves. C’est la deuxième fois qu’une femme préside ce département de l’OGBL, fondé en 1985.

ass_general_Dep_immigres_20_03_2021_24Lors de l’assemblée générale ont également été fixés les objectifs du département des Immigrés de l’OGBL pour les trois prochaines années. Dans le cahier de revendications figurent plusieurs priorités qui touchent actuellement de plein fouet les résidents étrangers au Luxembourg

Cahier de revendications: accès pour tous au logement et autres combats

L’accès pour tous au logement est assurément un des points les plus importants du cahier de revendications, sachant que la crise du logement est responsable non seulement de l’augmentation de la pauvreté au Luxembourg, mais également de la dégradation des conditions de vie des salariés et qu’elle nuit directement à leur bonne intégration et à leur dignité. La solution ne peut pas être abandonnée aux lois du marché et il ne suffit pas de construire uniquement davantage, mais il faut surtout construire à des prix accessibles, tout en limitant les prix des loyers.

Le département des Immigrés s’engage également pour de meilleures conditions de santé et de sécurité au travail, qui se sont également dégradées ces dernières années, précisément dans les secteurs dans lesquels les salariés migrants sont majoritairement employés, comme par exemple le bâtiment, le nettoyage, la restauration, le gardiennage et le commerce. Le département s’inquiète du nombre d’accidents au travail et s’étonne aussi de voir que pour l’année 2019, l’ITM compte 442 accidents et 10 morts au travail tandis que l’Assurance-accident relève, elle, plus de 20 000 accidents et 23 morts!

ass_general_Dep_immigres_20_03_2021_eduardo_dias3Une autre exigence du département des Immigrés vise une réforme de la législation sur le travail intérimaire, de manière à ce que les travailleurs intérimaires puissent être mieux protégés et avoir davantage de droits. Il faudrait également réformer la législation relative à la pension d’invalidité et au reclassement professionnel. Même si la loi a été modifiée récemment, elle demeure toujours discriminatoire pour les non-résidents et quant aux conditions requises pour bénéficier du reclassement professionnel. Pour la pension d’invalidité, les indemnités d’attente prévues par la loi doivent quant à elles être limitées dans le temps (une année maximum) et reconduites obligatoirement en pension d’invalidité définitive.

Le droit à la santé pour tous est également une priorité du département. Il faut savoir qu’environ 1 500 personnes au Luxembourg ne peuvent pas se soigner, puisqu’elles ne sont pas couvertes par l’assurance-maladie. L’Etat peut et doit instituer une couverture-santé universelle.

Le département des Immigrés revendique par ailleurs l’introduction au plus vite du système du tiers payant. Une partie des salariés et des pensionnés n’ont en effet pas les moyens financiers pour avancer les montants des factures médicales, hospitalières, etc. Un tel dispositif serait juste et adéquat pour tous et en particulier pour les plus défavorisés.

ass_general_Dep_immigres_20_03_2021_Sonia_NevesLa lutte contre les discriminations et pour l’égalité de traitement, notamment dans les secteurs dans lesquels travaillent beaucoup d’étrangers ou de femmes, comme celui du nettoyage et du commerce, constituent également une priorité de la lutte syndicale.

Le département des Immigrés demande aussi à ce que le Code du travail soit révisé concernant le travail de nuit, en prévoyant une compensation et/ou une contrepartie salariale, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Un des premiers terrains de lutte du département des Immigrés en 1985 visait l’ouverture du droit de vote pour les résidents étrangers aux élections communales et par la suite, aux élections européennes. Aujourd’hui, cette revendication s’étend aux élections législatives. Les immigrés constituent près de 50% de la population résidente dans le pays et doivent pouvoir participer à la vie politique. Le droit de vote doit devenir un droit pour tous.

35 ans après sa création, et en ce moment particulier de crise pandémique et économique, au moment même où beaucoup essayent de démanteler les acquis sociaux, il est plus important que jamais que le département des Immigrés de l’OGBL continue de défendre les intérêts et les droits des résidents étrangers, tout en dénonçant toutes les formes de discriminations et en promouvant l’égalité de traitement.

Le nouveau Comité exécutif

dep_immigresLe nouveau Comité exécutif du département des Immigrés de l’OGBL, élu pour trois ans, est composée de: Sónia Neves, présidente; Eduardo Dias, secrétaire central; Madalena Valério, vice-présidente; Fatmir Azemi, vice-président; Bernard Colussi, trésorier; Claude Gislard, secrétaire; Michelangelo Albanese et Dorina Macari, réviseurs de caisse; Steve Moiny, Cristina Neves et Pietro Monaco, membres.

Communiqué par le département des Immigrés de l’OGBL
25 mars 2021

L’Etat portugais condamné à payer plus de 20 000 euros d’indemnités à son ancienne employée de ménage

L’OGBL se félicite du jugement rendu le 3 février 2020 qui condamne l’État portugais pour le licenciement abusif d’une employée de ménage qui travaillait à l’Ambassade du Portugal au Luxembourg depuis plus de 25 ans.

Tout d’abord, le Tribunal du Travail de Luxembourg n’a pu que constater que les règles essentielles encadrant la résiliation d’un contrat de travail n’avaient pas été respectées par l’Ambassade et a ainsi écarté l’argumentation fantaisiste de son mandataire.

L’Ambassade a en effet purement et simplement omis d’adresser à sa salariée un courrier de licenciement et n’a, a fortiori, pas communiqué le moindre motif justifiant la fin de la relation de travail.

L’Ambassade a donc violé les règles les plus élémentaires relevant à la fois du Code du travail luxembourgeois, de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).

Suite à la constatation du caractère abusif de la fin de la relation de travail, le Tribunal a condamné l’Ambassade pour un montant de plus de 20 000 euros. Un montant qui se décompose de la façon suivante:

  • indemnité de licenciement: 9 566 euros
  • indemnité de congés non pris: 96,63 euros
  • indemnité pour préjudice moral: 10 000 euros
  • indemnité de procédure: 500 euros

L’OGBL, qui a soutenu la plaignante, tient à souligner que le montant alloué au titre du préjudice moral est ici particulièrement important, notamment au regard du fait que la salariée était employée à mi-temps.

En effet, un montant équivalent à 10 fois le salaire mensuel perçu est tout à fait exceptionnel en comparaison des montants généralement alloués par les juridictions luxembourgeoises.

L’OGBL déplore finalement que, en dépit de ce jugement, l’Ambassade n’a toujours pas adressé à son ancienne salariée les documents lui permettant de bénéficier des indemnités de chômage.

Face à la persistance des violations commises par l’Ambassade en matière de droit du travail, l’OGBL continuera à soutenir sa membre devant le Tribunal, sachant que la justice doit encore se prononcer sur l’allocation de chômage, ainsi que sur l’inévitable condamnation de l’Ambassade au remboursement des indemnités dues.

Communiqué par l’OGBL
le 19 février 2020

>> Despedimento abusivo pela Embaixada de Portugal no Luxemburgo – Estado português condenado a pagar mais de 20 000 euros em indemnizações à sua antiga empregada de limpeza (PDF)

Plus de trois mois d’attente pour obtenir un rendez-vous

L’OGBL est alerté depuis quelques mois par un nombre croissant de ressortissants portugais résidents au Luxembourg sur le fait que le délai d’attente pour obtenir un rendez-vous auprès du Consulat du Portugal en vue du renouvellement de leurs cartes d’identité, de leurs passeports ou pour demander une procuration oscille actuellement entre trois et quatre mois. Cette situation est incompréhensible, sachant qu’au premier semestre, le délai d’attente était d’un mois.

Afin de comprendre les raisons de ces délais d’attente et ce qui est ou sera fait pour remédier à cette situation, l’OGBL avait demandé une entrevue auprès du Consul général du Portugal au Luxembourg.

Cette entrevue a eu lieu récemment. Le Consul Manuel Gomes Samuel y a fait savoir que le Consulat manque actuellement de personnel. Il y aurait une pénurie de fonctionnaires ainsi qu’une pénurie de personnel au standard téléphonique.

Les services consulaires emploient 13 personnes alors que, parallèlement, ils enregistrent 148 000 ressortissants portugais vivant au Luxembourg. Les effectifs ne suivent visiblement pas le nombre croissant de ressortissants portugais enregistrés sur le territoire. Par ailleurs, la situation est aggravée par des raisons de maladie et de congé de maternité.

Le Consul a informé l’OGBL qu’il avait déjà adressé deux demandes au ministère des Affaires étrangères du Portugal afin de renforcer ses effectifs de cinq fonctionnaires, mais qu’à ce jour, il n’a reçu aucune réponse. Il a également expliqué que pour toute nouvelle embauche, même temporaire en vue de combler un poste vacant, il a besoin de l’autorisation de Lisbonne, qui doit par ailleurs lancer un concours de recrutement. Le prochain concours d’embauche n’est prévu que pour février 2020.

Aux 148 000 résidents portugais inscrits au Grand-Duché, s’ajoutent quelque 10 000 Portugais supplémentaires en provenance des pays frontaliers, qui se rendent également chaque année au Consulat du Portugal au Luxembourg.  Chaque fonctionnaire y reçoit en moyenne 20 à 25 personnes par jour et accomplit environ 500 actes consulaires par mois. Le Consulat du Portugal au Luxembourg propose des heures d’ouverture plus larges que les autres consulats portugais dans le monde: 40 heures par semaine au lieu de 35 (suivant un système de rotation flexible du personnel, de façon à ce qu’il ne fasse pas d’heures supplémentaires).

L’OGBL rappelle qu’il y a 30 ans, lorsque seulement 60 000 ressortissants portugais résidaient au Luxembourg, le Consulat du Portugal comptait encore 19 employés. L’OGBL ne comprend pas pourquoi les services consulaires ne disposent, aujourd’hui, plus que de 13 employés, alors que la communauté portugaise a plus que doublé.

L’OGBL considère que l’état des services consulaires n’est pas acceptable, ni soutenable, car il peut avoir des conséquences dramatiques pour de nombreux citoyens portugais, en compromettant des voyages ou bien encore des relations civiles et commerciales. Il s’agit d’une situation scandaleuse qui ne peut plus durer.

Ainsi, l’OGBL compte intervenir au plus vite auprès du gouvernement portugais et du président de la République du Portugal pour exiger que des efforts soient entrepris d’urgence afin de renforcer les effectifs du Consulat du Portugal à Luxembourg, et ainsi résoudre cette situation insupportable pour les usagers et les fonctionnaires.

L’OGBL rappelle que la communauté portugaise au Luxembourg a envoyé en 2018 des fonds de l’ordre de 111,9 millions d’euros au Portugal. Les ressortissants portugais vivant au Luxembourg seraient-ils devenus des citoyens de seconde classe pour les autorités politiques à Lisbonne?

Communiqué par le département des Immigrés de l’OGBL
le 9 octobre 2019

>> ATENDIMENTO CONSULAR, UM CALVÁRIO PARA OS UTENTES: SÃO PRECISOS MAIS DE TRÊS MESES PARA OBTER UMA MARCAÇÃO (PDF)