Le dialogue social est considéré depuis des décennies au Luxembourg comme l‘un des piliers de la cohésion sociale. Il est également l‘un des facteurs déterminants de la « success story » luxembourgeoise. Le modèle tripartite — qui réunit les employeurs, les syndicats et le gouvernement — a largement contribué à la stabilité sociale du pays.
Cette culture du dialogue a non seulement permis d‘éviter de nombreux conflits sociaux, mais a aussi permis de créer un climat de respect mutuel. Des organisations internationales comme l‘OCDE ou l‘OIT ont souvent décrit le modèle social luxembourgeois comme étant exemplaire.
Pendant des décennies, le dialogue social luxembourgeois a démontré son efficacité en tant que modèle coopératif. Qu‘il soit question d’adaptations du salaire social minimum, de temps de travail ou de réforme des pensions, les décisions ont toujours été prises dans le cadre du « Comité de coordination tripartite », avec la participation de tous les partenaires sociaux.
Mais ce consensus menace de plus en plus de s‘éroder.
Il apparaît de plus en plus clairement que le gouvernement Frieden s‘est donné pour mission de torpiller le dialogue social au Luxembourg. L‘attitude de certains membres du gouvernement à l‘égard des syndicats ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Ce n‘est pas un hasard si le ministre du Travail Mischo discrédite les syndicats au sein du CPTE. Ce n‘est pas non plus par inadvertance que le Premier ministre Frieden s’est retrouvé sans accord à l’issue des tables rondes sociales, et ce n‘est pas un hasard si tous les ministres impliqués tiennent des propos désobligeants à l‘égard des syndicats dans la presse depuis leur entrée en fonction. Ce n‘était pas non plus un hasard lorsque le ministre Mischo a déclaré de façon provocatrice il y a quelques jours à la Chambre des députés qu‘il n‘y aurait pas de discussions bilatérales sur « nos » thèmes, comme le travail des plateformes, et qu’il tente ainsi d’obliger les syndicats à participer à une réunion du CPTE à trois. Non, ce n’était là pas non plus une initiative isolée du ministre du Travail, pas plus d’ailleurs que la tentative, il y a plus d‘un an, de priver les syndicats de leur raison d‘être en essayant de brader le système des conventions collectives et de négocier et signer des conventions collectives avec des délégations du personnel.
La cohésion et la paix sociales ne sont pas importantes pour ces chefs de gouvernement libéraux. Ils sont prêts à les sacrifier pour laisser libre cours à leur politique néolibérale ‘business first’.
À cela se sont ajoutées toutes sortes d‘attaques contre les syndicats, accusés de ne pas être modernes, d’être rétrogrades, de ne rien vouloir changer, de perdre des membres, de ne pas être représentés dans les « nouveaux » secteurs, de ne pas être représentatifs, etc. Non, là encore, il ne s‘agissait pas de déclarations malheureuses et déplacées de la part du gouvernement.
Non, tout cela était et est intentionnel. Planifié. C’est le système du modèle Frieden, ce Premier ministre qui, la semaine dernière encore, affirmait sur les réseaux sociaux sa grande amitié avec Emmanuel Macron et s‘inspirait également du chancelier allemand Friedrich Merz. Tous des hommes d‘État qui savent comment on dirige un pays et comment on traite avec les syndicats.
La cohésion et la paix sociales ne sont pas importantes pour ces chefs de gouvernement libéraux. Ils sont prêts à les sacrifier pour laisser libre cours à leur politique néolibérale « business first ».
Et c‘est précisément cela, chers collègues, dont nous devons prendre conscience au Luxembourg. Nous entrons dans une nouvelle ère du travail syndical. Comme dans d‘autres pays européens, nous devons savoir que le gouvernement ne nous écoute que lorsque nous nous exprimons haut et fort, lorsque nous descendons dans la rue, lorsque nous sommes nombreux. Et lorsque nous ne nous laissons pas diviser entre syndicats. C‘est pourquoi nous ne pouvons plus continuer à nous laisser berner lors de tables rondes sociales ou de réunions du CPTE. Nous ne servirons jamais d‘alibi au démantèlement social, pas avec nous.
Et c‘est pourquoi nous devrons à l‘avenir intensifier la pression, dans les entreprises, auprès des salariés, des pensionnés, des jeunes, des familles, qui seront tous victimes de la politique de ce gouvernement si nous ne nous défendons pas. Nous devons sensibiliser, informer, mobiliser et manifester, que nous soyons jeunes ou moins jeunes. Et ce, ensemble, unis, courageux et déterminés. Nous leur montrerons ce que l‘OGBL et le LCGB, en tant qu‘Union des syndicats peuvent accomplir ensemble. Nous continuerons à nous engager de toutes nos forces pour défendre les intérêts des salariés et des pensionnés. Ainsi que notre modèle social – de façon solidaire, constructive et combative.
En cette période d‘inégalités croissantes et de tensions sociales, nous avons plus que jamais besoin d‘un dialogue social efficace qui prenne au sérieux les intérêts des travailleurs – rien de moins que cela.
Nora Back, présidente de l‘OGBL Octobre 2025
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