ArcelorMittal

Stop à la chasse aux malades! Stop à l’hypocrisie!

Le 17 novembre 2023, l’OGBL Sidérurgie a organisé un piquet de protestation devant le site d’ArcelorMittal à Differdange suite à quatre licenciements pour cause de maladies. Pour l’OGBL, la direction d’ArcelorMittal a franchi une ligne rouge et plus de 150 salariés et militants OGBL se sont réunis pour marquer leur désaccord avec cette décision et pour demander la réintégration des collègues licenciés injustement.

Nous devons par ailleurs constater qu’ArcelorMittal ne respecte pas ses obligations en matière de dialogue social. L’entreprise n’a même pas informé les délégués OGBL qu’elle envisageait de licencier des salariés du «Train Grey» qui occupe environ 300 salariés sur les presque 800 du site de Differdange. Ce sont les salariés qui nous ont informés. Nous savons que l’autre syndicat avait été informé des entretiens par la direction, mais pas l’OGBL. Est-ce pour empêcher que nos représentants soient mis au courant et nous écarter? Pour nous empêcher de défendre les salariés convenablement? Faites-vous votre propre opinion…

L’OGBL dénonce cette chasse aux malades
Conformément à la tradition de la sidérurgie luxembourgeoise, l’OGBL a toujours privilégié la voie du dialogue en cherchant le contact direct avec la direction d’ArcelorMittal pour éviter les licenciements et retourner ces décisions. Malheureusement, nous avons été évités ou ignorés. Les quelques réponses que nous avons obtenues ne nous ont pas satisfaites:  les licenciements seraient limités à un seul service et il n’y en aura pas d’autres. Néanmoins, ces licenciements sont totalement approuvés et soutenus par les décideurs. L’entreprise ne veut pas changer sa position et veut laisser les tribunaux effectuer leur travail. Facile à dire quand on a les moyens de se payer les avocats les plus chers du pays.

La situation et les quelques réponses obtenues nous obligent à agir, en tant que représentants du personnel et surtout en tant que sidérurgistes! Nous ne pouvons pas laisser faire et attendre que les tribunaux décident ultérieurement du destin de nos collègues. Pour la majorité des licenciés, c’était la première convocation et ArcelorMittal ne leur a laissé aucune chance. De plus, nos collègues n’ont pas non plus été convoqués pendant leurs périodes de maladie, encore moins au bout de 6 mois consécutifs de maladie, comme certains le laissent entendre. Cela a été beaucoup sournois! C’était soit au moment de la reprise de travail après une longue maladie ou juste après une brève absence.

L’OGBL dénonce l’hypocrisie du groupe ArcelorMittal
L’information nous a également été rapportée qu’ArcelorMittal justifie ces licenciements en prétextant que les salariés étaient licenciés pour les protéger de la sidérurgie! Le monde à l’envers! ArcelorMittal semble oublier que derrière ces salariés, ce sont aussi des familles qui sont victimes d’une décision visant uniquement à sanctionner des salariés malades. Mais quelles sont les raisons des maladies? Personne ne veut poser cette question, sauf l’OGBL.

La direction d’ArcelorMittal semble oublier que ce n’est pas par plaisir que les salariés tombent malades. Nos collègues préféreraient être en bonne santé et pouvoir travailler. La médecine du travail interne les suivait et les pathologies et les raisons étaient connues. D’où la surprise et le choc pour l’OGBL d’avoir constaté qu’ArcelorMittal organise des entretiens préalables en vue de procéder à des licenciements et surtout maintienne ces licenciements après exposition des faits.

Le travail rend encore et toujours malade
Pour l’OGBL, ces salariés sont malades parce que les conditions de travail les ont rendus malades! Nous pointons trop régulièrement du doigt les problèmes et demandons des solutions, des adaptations de postes, des investissements. Malheureusement, nos demandes sont trop souvent rejetées ou oubliées.

Encore dernièrement, des responsables ont ignoré la détresse de salariés sur des manipulateurs de ponts roulants. Certains ont même dû être mis en incapacité de travail! À côté de cela, nous avions adressé une lettre ouverte à la direction d’ArcelorMittal afin de dénoncer le comportement inacceptable d’un responsable. Nous avons demandé à l’employeur de prendre des mesures concrètes pour enquêter et mettre fin aux dérives. Le point commun entre ces deux faits, est qu’ils se sont produits au «Train Grey» de Differdange, le même service auquel appartiennent nos quatre collègues licenciés! Où est la responsabilité sociale de l’entreprise? Où est le respect des engagements pris par ArcelorMittal dans le cadre des accords tripartites?

Nous constatons que ces licenciements ont eu lieu dans des secteurs qui ont été longuement en sous-effectif! Lors des entretiens préalables, la hiérarchie n’a jamais été en mesure de citer des exemples concrets de l’impact des absences pour maladie sur les arrêts. Il n’y a pas de lien entre les deux. Ceci n’empêche pas le fait que les absences pour maladie mettent davantage en évidence le sous-effectif dans les secteurs. Et c’est là le serpent qui se mange la queue, puisque cela engendre davantage de maladies et intensifie le mal-être des salariés.

Les salariés d’ArcelorMittal ne vont pas bien
Les enquêtes le démontrent et le confirment. Nous savons que de nombreux salariés sont accompagnés par des spécialistes. L’OGBL avait interpellé la médecine du travail interne à ce sujet et avait posé une simple question: «est-ce que les salariés d’ArcelorMittal vont bien?» La réponse était aussi claire qu’elle n’était brève: «NON». Malgré le fait que la réponse ait été entendue par la direction, nous ne constatons aucune amélioration.

La direction d’ArcelorMittal établit des «règles d’or» que tous les salariés doivent respecter tels que: «Si je ne me sens pas bien, je reste chez moi, je consulte mon médecin et je suis ses recommandations», «En cas de restrictions ou d’aménagement du poste de travail, je respecte les recommandations du médecin de travail», «Avant de travailler, j’ai suffisamment dormi, je suis reposé». Les salariés en question ont suivi ces règles et ils ont néanmoins été sanctionnés et licenciés. Est-ce que ces règles sont juste là pour permettre à ArcelorMittal de se dédouaner de toute responsabilité? Aujourd’hui, nous constatons que les règles sont surtout utilisées pour sanctionner les salariés.

Il y a encore peu de temps, nous avions convenu avec la direction de nous revoir pour faire le point et tenter de trouver des solutions communes aux cas de maladies qui augmentent. Le sujet n’est pas un tabou et doit faire l’objet d’une analyse en profondeur pour mettre en évidence les raisons de ces maladies et la corrélation avec l’activité professionnelle. Aujourd’hui, nous n’avons d’autre choix que de constater que ces licenciements annulent ces engagements.

La chasse aux malades est ouverte
Nous devons également faire le rapprochement avec d’autres faits. ArcelorMittal n’a pas digéré le fait que l’OGBL ait bloqué par tous les moyens et avec succès l’introduction de sanctions liées aux maladies dans la dernière convention collective. Par ailleurs, les dirigeants d’ArcelorMittal ne cessent de revendiquer l’introduction de jours de carence en cas de maladies au Luxembourg. Le fait de ne pas payer les salariés malades ne va pas empêcher les salariés de tomber malade.

La volonté et les intentions sont claires. ArcelorMittal s’attaque au patient, jamais à la maladie ou encore moins à l’origine de la maladie. Pour l’OGBL, il y a une volonté de faire un exemple et d’instaurer un climat de peur qui contraint les salariés à venir travailler malades par crainte d’être les prochains. L’humain ne compte plus, seul le résultat compte.
Tout ceci a lieu dans un contexte plus que favorable. ArcelorMittal sort de deux années de bénéfices records au Luxembourg, et l’année 2023 s’annonce très bonne. Aucun arrêt de production n’est dû aux salariés. Ils sont surtout liés au manque de fiabilité des installations, aux problèmes logistiques ou au manque d’investissements. Malgré cela, les Ressources humaines d’ArcelorMittal établissent régulièrement des analyses sur l’absentéisme d’après le facteur «Bradford». Ce n’est plus une personne qui apprécie les situations, mais une formule mathématique inhumaine. L’entreprise ferait mieux de veiller à l’application des accords en vigueur et de veiller au respect des effectifs suivant les organigrammes, à l’anticipation des départs, ou encore à l’adaptation des taux de couverture aux changements de loi. Nous ne parlons même pas du casting et de la formation des managers.

Ce piquet est une première étape, un avertissement lancé au groupe ArcelorMittal.

L’OGBL Sidérurgie exige la fin de cette chasse aux malades et la réintégration des salariés licenciés et surtout la recherche de vraies solutions permettant aux collègues de continuer à travailler au sein d’ArcelorMittal.

L’OGBL continuera à assister les salariés dans toutes leurs démarches et continuera à soutenir toutes les personnes qui ont fait l’objet d’agressions, d’intimidations ou de provocations. Dans ce contexte, nous appelons tous les salariés à dénoncer les abus, les harcèlements, les remarques déplacées via les instances prévues à cet effet.

L’OGBL Sidérurgie continuera à défendre ces positions et à interpeller les décideurs du groupe. Plus que jamais, ArcelorMittal doit prendre ses responsabilités. Une entreprise qui emploie plus de 3000 salariés au Luxembourg a la taille et les moyens de faire mieux. Elle a l’obligation d’aider ses salariés. Si l’entreprise ne change pas d’attitude, nous serons contraints de continuer nos actions et de les amener plus près des décideurs.

L’article a été publié dans l’édition de décembre de l’Aktuell