Une grande enquête SEW/OGBL sur le harcèlement moral dans le secteur de l’Enseignement supérieur et la Recherche

Dans le cadre de la campagne de sensibilisation et de prévention sur le harcèlement moral au travail dans le secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lancée par le SEW/OGBL, les délégations du personnel des trois centres de recherche publics (LIST, LISER et LIH) ainsi que du Max Planck Institute ont sollicité la participation du personnel de ces quatre établissements afin de répondre à une enquête sur leurs connaissances, leur appréciation et leur expérience du harcèlement moral sur leur lieu de travail.

Ce questionnaire intitulé «Enquête sur le harcèlement moral au travail (mobbing) à destination des salariés du secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche» avait pour vocation de collecter des premières informations sur la situation actuelle au sein du secteur d’activité ainsi que de sensibiliser le personnel au thème du harcèlement moral au travail.

360 personnes ont répondu au sondage sur les quelque 1350 personnes sollicitées, ce qui correspond à plus d’un quart du personnel de ces quatre établissements participants. Même si l’existence potentielle de certains biais pourraient influencer une partie des résultats, les conclusions de l’enquête soulignent néanmoins la réalité du harcèlement moral par ces témoignages et dégagent des pistes de réflexion intéressantes.

L’intégralité des résultats quantitatifs et qualitatifs de l’enquête sera publiée dans un dossier thématique qui sera prochainement rendu public et communiqué aux membres du SEW/OGBL du secteur et aux salariés des établissements participants. Cette initiative fait évidemment écho à l’actualité juridique concernant la nouvelle loi votée en mars sur le harcèlement moral au travail.

Résumé des résultats quantitatifs du sondage

50 % des participants se considèrent plutôt ou totalement en désaccord avec le fait d’être suffisamment informés par leur employeur sur le harcèlement moral.

Un tiers des participants qui ont répondu ne savent pas ou n’ont pas d’avis sur le fait qu’il y ait des mesures et procédures adéquates dans la gestion des situations de harcèlement moral mises en place dans l’établissement où ils travaillent.

Près de 60 % des participants estiment ne pas être au courant des aspects juridiques au Luxembourg en ce qui concerne le harcèlement moral au travail.

30 % des participants du sondage ont, à un moment donné, été victimes selon elles, de harcèlement moral dans l’établissement où ils travaillent, que ce soit actuellement ou dans le passé. Cela fait une personne sur 3, beaucoup trop!

49 % des participants n’ont jamais été victimes de harcèlement moral dans l’établissement où ils travaillent.

Pour près de 30 % des personnes qui sont actuellement, ou ont été dans le passé, victimes de harcèlement moral dans l’établissement où elles travaillent, les actes durent ou ont duré, selon leur réponse, plus de deux ans..

C’est le responsable hiérarchique direct qui est le plus souvent désigné comme personne harceleuse par les répondants qui s’estiment victimes. Les collègues et les membres de la direction arrivent respectivement en 2ème et 3ème position des personnes les plus souvent désignées.

50 % des personnes qui s’estiment avoir été victimes n’en informent pas l’employeur.

74 % des employeurs qui ont été informés n’ont pas mis de mesures en place pour protéger les victimes.

Parmi les mesures mises en place pour protéger les victimes, les employeurs ont dans 43 % des cas transféré la victime dans une autre équipe.

Nous avons souhaité également savoir si les personnes interrogées ont été témoins de manière directe ou indirecte (par conversation avec des collègues victimes) d’actes de harcèlement moral dans l’établissement où elles travaillent actuellement. 48 % des personnes qui ont répondu ont été témoins. Encore une fois, les faits s’étalent sur une longue durée, puisque que dans 46 % des cas, la durée est d’une année et plus. C’est également le responsable hiérarchique qui est cité le plus souvent parmi les auteurs, suivi des membres de la direction, puis des collègues.

Des situations concrètes de mobbing proposées aux participants du sondage

Indépendamment du fait que les personnes sondées se sont estimées victimes/témoins ou non de harcèlement moral au travail, nous avons soumis à tous les participants une liste de situations non exhaustives qu’elles auraient vécues ou dont elles auraient été témoins. Moins d’un pourcent des participants ont ignoré cette question. Pour les autres participants qui ont répondu, voici quelques chiffres intéressants.

Les participants ont répondu avoir été victimes ou témoins très souvent ou souvent des situations suivantes:

  • Pour 28 %: être critiqué sur la qualité de son travail
  • Pour 27 %: se voir remettre en question ses idées ou décisions
  • Pour 23 %: être traité comme s’il n’existait pas, être ignoré
  • Pour 22 %: être appelé à travailler en dehors des heures de travail
  • Pour 21 %: être exclu des conversations
  • Pour 17 %: être victime de fausse rumeur
  • Pour 16 %: être exclu du travail en équipe
  • Pour 16 %: ne pas être autorisé à parler ou être privé de parole
  • Pour 14 %: être menacé ouvertement ou de manière subtile
  • Pour 14 %: se voir interdire de parler à des collègues
  • Pour 13 %: se voir confier des tâches dégradantes
  • Pour 9 %: être soumis à des blagues sur ses capacités intellectuelles, ses compétences
  • Pour 5 %: se voir adresser des insinuations sur des maladies physiques

Si l’on isole la part des participants qui estiment ne jamais avoir été victime ou témoin de harcèlement moral, dans le passé ou actuellement, il y a tout de même un certain nombre d’entre eux qui affirme avoir connu certaines de ces situations:

  • 26 %: souvent ou parfois se voir remettre en question ses idées/décisions
  • 11 %: très souvent ou souvent être appelé à travailler en dehors des heures de travail
  • 5 %: souvent ou parfois critiqué sur sa vie privée
  • 9 %: souvent ou parfois être exclu des conversations
  • 5 %: parfois victime de fausse rumeur
  • 5 %: parfois être ignoré, traité comme s’il n’existait pas
  • 3 %: parfois menacé ouvertement

En conclusion, même si des personnes affirment n’avoir jamais été victime ou témoin, parmi ces répondants, quelques-uns confirment pourtant avoir vécu des situations qui pourraient être qualifiées d’harcèlement moral sous réserve du caractère systématique et de la durée des actes.