Réduire les coûts de la bureaucratie et valoriser la fonction d’enseigner!

Lors d’une deuxième entrevue avec le ministre de la Fonction publique et le ministre de l’Education nationale, les représentants du SEW/OGBL ont présenté la position de leur syndicat à l’égard de la proposition des deux ministres, qui leur demandent de s’engager dans une discussion sur une augmentation de la tâche des enseignants en contrepartie du remplacement d’une évaluation individuelle par une évaluation collective.

  1. Les frais engendrés par les réformes technocratiques réalisées et ceux à venir dans le cadre de la réforme de la Fonction publique ne doivent en aucun cas être résorbés par une augmentation de la tâche des enseignants.
  2. La réforme de la Fonction publique engendre pour l’enseignement des problèmes très graves, tant au niveau de chaque enseignant (manque d’évaluation objective et donc risque de discrimination ; réduction salariale sur l’ensemble de la carrière normale), que pour l’enseignement dans son ensemble (introduction dans une carrière plane, d’une hiérarchie artificielle à travers des « postes à responsabilités particulières » portant gravement atteinte au travail en équipe).
  3. La réforme de la Fonction publique occasionne pour l’enseignement des coûts importants : introduction d’une évaluation tout aussi arbitraire qu’inutile ; stage superflu pour les enseignants du fondamental, étant donné que leur formation en sciences de l’éducation prévoit une alternance entre formation théorique et stages pratiques; création d’une multitude d’instruments bureaucratiques et de postes à l’écart de la fonction d’enseigner proprement dite, qui enflent encore l’hyperstructure administrative créée lors de l’ère Delvaux.
  4. Tant les enseignants du postprimaire que ceux du fondamental ont déjà accepté une augmentation de leur tâche en 2007 et en 2009 respectivement. Toute nouvelle augmentation de la tâche ne pourrait aboutir qu’à une perte de la qualité de l’enseignement, car des enseignants énervés et épuisés ne sauraient remplir leur mission correctement auprès des élèves.

Par conséquent, les représentants du SEW ont signifié aux deux ministres

  • qu’il convient en premier lieu de réduire les coûts en relation avec l’inflation de postes créés à l’écart de la fonction d’enseigner proprement dite et de mécanismes bureaucratiques inutiles, mis en place au cours des dernières années ;
  • que les éléments de hiérarchisation de la carrière plane des enseignants au moyen de « postes à responsabilités particulières » renforçant encore cette tendance doivent être bannis, puisqu’ils accordent des avantages à quelques-uns au détriment de la grande masse des enseignants qui assument leur responsabilité face aux élèves;
  • que l’évaluation des enseignants, qu’elle soit individuelle ou collective, et dont les ministres eux-mêmes n’ont pu citer à ce jour des critères objectifs, doit être abandonnée en raison de son coût et du risque d’arbitraire qu’elle implique.

Les représentants du SEW sont prêts à discuter de la meilleure façon d’organiser les écoles afin d’éviter des coûts prohibitifs. Ils s’attendent à obtenir les informations nécessaires pour mener à bien cette discussion et ils espèrent que leurs propositions constructives seront prises en compte dans un réel esprit de dialogue.

Ils refusent par contre toute augmentation de la tâche d’enseignement pour neutraliser les coûts générés par un accroissement des contrôles et de la bureaucratie. S’en prendre unilatéralement aux carrières enseignantes dans la Fonction publique ne manquerait pas d’avoir les conséquences les plus graves pour la paix sociale dans l’enseignement ! Une telle politique hypothéquerait durablement les relations de collaboration entre les enseignants et le MEN. Les représentants du SEW estiment que le gouvernement présent doit faire preuve de courage politique et rompre avec les erreurs du gouvernement précédent en renonçant aux volets inapplicables et inutiles du projet de réforme de la Fonction publique.

Dans ce sens ils invitent les deux ministres à soutenir celles et ceux auxquels incombe la responsabilité majeure d’assurer quotidiennement les leçons d’enseignement dans les salles de classe et à coopérer avec eux en vue de dynamiser l’école publique.

Ils appellent tous les syndicats d’enseignants à se rassembler pour exercer une pression commune dans cette direction.


Luxembourg, le 23 avril 2014
Communiqué par le SEW/OGBL