En attendant le redécollage

Le secteur de l’aviation est essentiel, les droits des salariés le sont aussi

Le secteur de l’aviation civile est vital pour la connectivité et l’économie du Luxembourg et de toute l’Union européenne. Or, l’aviation a été parmi les premières industries touchées par la crise du COVID-19 et sera l’une des plus durement touchées. Pour l’OGBL, les priorités sont claires: maintien de l’emploi et des acquis sociaux, lutte contre la précarité et garanties des mesures de santé et de sécurité. Les salariés travaillant dans le secteur de l’aviation civile ont des profils très diversifiés — du personnel navigant à la gestion du trafic aérien, en passant par l’assistance au sol, les techniciens, le Cargocenter, le personnel administratif, la restauration ou encore la sécurité — et tous ces acteurs réunis font fonctionner ensemble cette industrie. Le syndicat Aviation civile de l’OGBL a dressé un catalogue de revendications nationales et européennes pour que la crise sanitaire et économique ne se transforme pas en crise sociale.

  • La santé et la sécurité de tous les salariés et passagers de l’aviation civile priment. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises afin de garantir la protection des salariés et d’éviter un risque d’infection. Il faut des règles claires quant aux consignes de sécurité à mettre en place dans le cadre de la crise sanitaire à l’aérogare du Findel, aux postes de contrôle de sécurité et à bord des avions.
  • L’OGBL revendique la mise en place de tests «cluster» sur base volontaire pour les salariés du secteur de l’aviation civile avant la reprise des vols de passagers.
  • La reprise des vols de passagers doit être coordonnée au niveau européen, afin d’éviter des disparités de mesures de distanciation et de sécurité mises en place dans les avions et aux aéroports dans les différents pays de l’UE (masques, normes de remplissage des avions, service à bord, procédure de check-in, contrôles de sécurité).
  • L’OGBL revendique une véritable garantie de l’emploi pour tous les salariés de l’aviation civile au Luxembourg.
  • Les droits sociaux doivent être respectés et maintenus. Toute modification des conditions de travail doit être faite en concertation avec les syndicats et être strictement temporaire, donc limitée à la durée de la crise. Les acquis sociaux des salariés doivent rester garantis.
  • L’OGBL soutient la revendication de l’ETF (Fédération européenne des Travailleurs des Transports) d’un véritable plan de sauvegarde européen. L’ETF appelle les institutions européennes et les États membres à mettre en place un plan de secours consistant en un soutien direct aux travailleurs, ainsi qu’en une aide financière aux entreprises du secteur de l’aviation. Ce plan devrait prendre la forme d’un financement européen supplémentaire consacré en priorité aux pays de l’UE les plus faibles qui ont été touchés par la COVID-19, selon le principe de solidarité. Longtemps, le libre marché de l’aviation a prévalu sur les droits des travailleurs. Il est donc temps que l’UE démontre sa valeur ajoutée, pas seulement pour les clients.
  • Toutes les aides étatiques et européennes pour le secteur de l’aviation dans l’UE doivent impérativement être liées à des critères sociaux. Ces aides ne doivent pas servir à soutenir des compagnies aériennes qui emploient des faux-indépendants, contournent le droit du travail et le droit social ou se soustraient à la négociation ou au respect de conventions collectives de travail.
  • Ces aides financières ne peuvent être accordées que si les entreprises concernées respectent des mesures concrètes de maintien de l’emploi et de protection des acquis sociaux des conventions collectives respectives. Toutes les compagnies aériennes doivent être conscientes de leur responsabilité sociale et veiller à ce que leur atout le plus précieux, leur main-d’œuvre, soit protégée de manière adéquate.
  • Toutes les tendances à la libéralisation et à la privatisation du secteur de l’aviation au niveau européen doivent désormais cesser. Au contraire, au regard du caractère stratégique et essentiel de ce secteur, les Etats doivent pouvoir s’investir avec tous les moyens jugés utiles, jusqu’à la nationalisation si nécessaire.
  • L’essor de la précarité dans le secteur de l’aviation civile doit être combattu activement. Les conditions de travail et de salaire ne doivent plus être remises en question par les pratiques douteuses et antisociales des compagnies «low cost» dont le business model repose essentiellement sur le dumping social.
  • Au Luxembourg, l’OGBL revendique l’embauche en CDI du personnel nécessaire dans les entreprises de l’aviation civile. Le nombre des intérimaires, des CDD, voire des «contractors» doit être réduit en faveur de contrats stables, couverts par tous les avantages des conventions collectives en vigueur.
  • Dans ce cadre, l’OGBL revendique aussi la création d’une véritable école des métiers de l’aviation au Luxembourg. Nous constatons en effet un besoin accru de personnel qualifié pour les différentes filières professionnelles de l’aviation civile au Luxembourg. De plus, à l’instar de la création du diplôme de technicien pour les mécaniciens d’avion il y a quelques années, l’OGBL revendique la mise en place de diplômes pour les différents métiers de l’aviation dans le système scolaire luxembourgeois, comme notamment le brevet pour le personnel navigant ou le DAP pour les agents de sûreté.
  • Au Luxembourg, l’OGBL demande également la continuation du droit au chômage partiel pour le secteur de l’aviation aussi longtemps qu’un retour à la normale ne sera pas possible. Néanmoins, le recours au chômage partiel ne devra avoir aucun impact négatif sur le personnel salarié dont les licences obligatoires présupposent un certain nombre de travail effectif (par exemple pour le personnel navigant et les mécaniciens).

Communiqué par le syndicat Aviation civile de l’OGBL
le 13 mai 2020