Hausse des déguerpissements… et du nombre de sans-abris : La crise du coronavirus fait apparaître au grand jour l’explosion des inégalités

Au début de l’état de crise, au mois de mars, l’OGBL avait réclamé des mesures d’urgence pour endiguer les conséquences directes du confinement sur les populations les plus démunies: un gel des loyers, un arrêt provisoire des déguerpissements et une interdiction temporaire d’interruption de l’approvisionnement en eau, gaz, électricité et télécommunications. Le gouvernement y avait répondu en partie positivement, en suspendant effectivement pendant la durée de l’état de crise les déguerpissements en matière de bail à usage d’habitation et à usage commercial et en prévoyant un arrêt des augmentations de loyer jusqu’au 31 décembre 2020.

Ces mesures ont effectivement permis d’éviter que des personnes ne se retrouvent à la rue en plein «lockdown», avec un risque accru d’infection au coronavirus. Or, désormais, alors que les chiffres d’infection publiés sont encore plus importants qu’en mars-avril, nous assistons à la situation inverse. Non seulement, le gouvernement ne prévoit rien dans le cadre de ses «lois Covid-19» successives pour éviter que des familles entières ne se retrouvent sans domicile fixe, mais il semble également qu’il y ait plus de déguerpissements que jamais. Ce qui est aussi une conséquence des pertes de revenu et d’emploi engendrées par la crise du Covid-19, notamment pour les personnes qui se retrouvent dans des relations de travail particulièrement précaires: travail intérimaire, travail à temps partiel limité à quelques heures par semaine, CDD non renouvelés, «freelances», voire faux indépendants. Sans oublier la hausse du chômage, qui, même si elle a pu être ralentie par le chômage partiel et les plans de maintien dans l’emploi, reste considérable par rapport à 2019.

Il n’est donc pas étonnant que les initiatives de soutien aux sans-abri tirent la sonnette d’alarme et fassent savoir qu’ils observent une hausse considérable de personnes sans domicile fixe dans leurs structures d’hébergement. Une situation qui est aggravée en même temps du fait que les personnes à la rue se voient désormais être criminalisées par le couvre-feu instauré entre 23 heures et 6 heures. Les personnes concernées se retrouvent donc dans l’obligation de se rendre dans les foyers pour sans-abri. Or, dans ces foyers, en raison des règles de distanciation qui sont à respecter, il y a encore moins de places disponibles qu’en temps normaux.

Cette situation fait apparaître en plein jour l’explosion des inégalités que l’OGBL met en exergue depuis des années. Celle-ci est le fruit d’une politique qui considère la hausse faramineuse des prix du logement comme une loi de la nature et qui n’a pas pris de mesures appropriés pour endiguer la spéculation qui est à l’origine de la crise du logement. Elle est aussi le résultat d’une tendance à la précarisation de l’emploi, qui s’est accentuée ces dernières années.

Et désormais, les infections flambent et l’hiver approche. Si le gouvernement veut éviter des situations où des personnes meurent de froid dans la rue, il y a lieu de prendre immédiatement des mesures d’urgence — en discutant par la suite avec les partenaires sociaux de mesures plus globales pour réduire durablement les inégalités et pour lutter sensiblement contre la hausse du taux de risque de pauvreté. L’OGBL propose à cet égard :

  • la suspension de déguerpissements jusqu’au printemps 2021, voire au-delà si la situation liée au Covid-19 ne s’améliore pas;
  • la prolongation du gel des hausses de loyer en 2021, accompagnée par des mesures de contrôle pour garantir que cette mesure soit effectivement respectée;
  • l’arrêt temporaire des interruptions d’approvisionnement en eau, gaz, électricité et télécommunications pour cause de retard de paiement;
  • la mise en place rapide de structures d’accueil supplémentaires.

Communiqué par l’OGBL
le 10 novembre 2020