Halte aux attaques discriminatoires incessantes contre le corps enseignant!

Le SEW/OGBL constate que le ministre Meisch sacrifie l’avenir de l’enseignement public luxembourgeois en pénalisant unilatéralement celles et ceux qui travaillent avec les élèves

Le vendredi, 7 novembre 2014, une délégation du SEW/OGBL composée de Patrick Arendt, Jules Barthel, Monique Adam, Vera Dockendorf et Sonja Delli Zotti a rencontré le ministre Claude Meisch, entouré de ses conseillers.

Le SEW/OGBL avait demandé cette entrevue, afin d’obtenir des explications sur les tenants et aboutissants du discours du Premier ministre à la Chambre des Députés. Le fait d’y proférer – et au-delà auprès du grand public – que les professeurs «ne seront dorénavant payés que pour les heures effectivement prestées» et de faire sous-entendre par-là que ces mêmes professeurs seraient payés pour des prestations non fournies, constitue de la part d’un Premier ministre et du gouvernement qui le soutient, une attaque publique d’une rare violence à l’égard d’une catégorie professionnelle particulière.

Les conséquences de tels propos ne peuvent que nuire à l’image et à la bonne marche d’un enseignement – fondamental et secondaire – déjà malmené et régulièrement discrédité par les sempiternels donneurs de leçons issus du monde politique et économique.

Le SEW/OGBL rejette, dans leur totalité, les mesures d’austérité à l’égard de la fonction publique en général et des enseignants en particulier, mesures unilatéralement décidées par le gouvernement en place sans la moindre concertation avec les syndicats. Il constate que le ministre Meisch agit sous les ordres du ministre des Finances en tentant de livrer son apport au «Spuerpak» en méconnaissance totale des réalités sur le terrain. En cherchant à appliquer les mesures d’austérité en priorité à l’augmentation de la tâche des enseignants, l’école publique luxembourgeoise risque de perdre son principal atout.

Le SEW/OGBL rappelle

  • que le corps enseignant du secondaire et secondaire technique a déjà largement contribué aux efforts d’austérité en acceptant, en 2007, une augmentation substantielle de sa tâche
  • que les enseignants se voient obligés de prester de manière régulière des heures supplémentaires rémunérées au rabais car très fortement imposées
  • qu’avec la réforme de la Fonction publique que le gouvernement veut imposer malgré une forte opposition des enseignants, celles et ceux qui ne bénéficieront pas des «postes à responsabilités particulières» vont voir diminuer leur traitement calculé sur toute leur carrière

Concernant plus particulièrement les mesures pouvant affecter l’enseignement fondamental, le ministre Meisch est resté très vague. Plutôt que de négocier avec les syndicats des enseignants, il semble préférer lancer des ballons d’essai auprès des présidents des comités d’écoles avec lesquels il s’entretiendra au cours des semaines à venir en espérant probablement dresser les intérêts des uns contre ceux des autres afin de mieux régner sur un corps enseignant divisé.

En séparant dans le temps les décisions concernant le secondaire de celles concernant le fondamental et en s’attaquant à certaines catégories d’enseignants plutôt qu’à d’autres, le ministre Meisch espère mettre à mal l’esprit solidaire qui avait jusqu’à présent marqué la résistance des enseignants.

Les seuls fonctionnaires épargnés dans l’enseignement seront finalement ceux qui postuleront aux prétendus «postes à responsabilités particulières» et qui fuiront le travail dans les classes. Point d’austérité pour le nouvel Institut de formation de l’Éducation nationale, point d’austérité pour l’élaboration de nouvelles épreuves standardisées, point d’austérité pour l’Agence Qualité, les PRS et CDS, point d’austérité pour la mise en place d’un stage inutile pour les enseignants du fondamental. Seules les tâches d’enseignement se verront dépréciées.

Par ailleurs, et suite au communiqué de presse du MENJE de ce lundi, 10 novembre 2014, le SEW/OGBL doit constater avec consternation que son entrevue avec le ministre Meisch était une pure farce, destinée à afficher auprès du grand public une volonté de dialogue qui en fait n’existe pas. Il devient de plus en plus évident que le ministre ne mène qu’un dialogue de façade qui ne tient aucunement compte des arguments avancés. Le SEW/OGBL dénonce avec virulence cette attitude du MENJE.

Finalement, le SEW/OGBL demande au ministre Meisch, à côté du retrait des mesures d’austérité proposées:

  • d’engager enfin un dialogue constructif avec tous les syndicats concernés sur la mise en place des outils nécessaires permettant de tirer l’enseignement public luxembourgeois vers le haut
  • d’adapter l’imposition des heures supplémentaires prestées dans l’enseignement à la règlementation qui existe dans le secteur privé
  • d’intervenir auprès du gouvernement pour retirer du projet de loi sur la réforme de la Fonction publique toutes les mesures négatives ayant trait à la carrière des intervenants dans l’enseignement public
  • de soutenir publiquement le corps enseignant plutôt que de se prêter à des allusions populistes et bassement électoralistes à l’égard de celles et de ceux qui œuvrent quotidiennement – et cela dans des conditions de plus en plus difficiles – à préparer leurs élèves à une vie d’adultes responsables

L’avenir de notre jeunesse ne se verra pas amélioré par une contribution de 0,5% sur les revenus des ménages dont on ne sait pas encore à quoi elle devrait servir, si parallèlement, les conditions de travail dans l’enseignement et dans l’éducation se dégradent.

En guise de riposte à la nouvelle dégradation programmée des conditions de travail et de rémunération des enseignants, le SEW/OGBL se déclare prêt à engager toutes les mesures syndicales qui s’imposeront!!!