Cas de harcèlement moral à l’Institut Max Planck Luxembourg

Des pratiques managériales aléatoires et autoritaires ne sont pas propices au développement de la recherche au Luxembourg

institut_max_planckLe site germanophone du portail web Buzzfeed.com a récemment publié un article sur la situation à l’institut Max Planck de droit procédural au Luxembourg (MPI. L’image peinte par cet article est sans appel : l’article parle d’une multiplication de cas de harcèlement moral, d’une gestion aléatoire, favorisée par un organigramme rigide et ultra-centralisé, ainsi que d’un turn-over massif.

L’existence de situations de harcèlement moral au sein du MPI a été confirmée l’an dernier dans le cadre d’un sondage réalisé auprès du personnel en mai-juin: alors qu’environ 2/3 des 90 collaborateurs du MPI ont répondu, 23 % des personnes interrogées ont indiqué avoir fait l’objet d’une situation de harcèlement moral ou de mobbing. 37 % auraient été témoins d’une situation de harcèlement moral ou de mobbing et 38 % estiment que ces situations ont une influence négative sur le climat de travail au MPI.

Ce climat a aussi des conséquences sur le turn-over au niveau du personnel, y compris le personnel non-scientifique (le seul bénéficiant de contrats à durée indéterminée en dehors de la direction, l’ensemble des chercheurs ayant des contrats à durée déterminée).

Si la direction affirme prendre au sérieux les résultats de l’enquête de 2019 et vouloir améliorer la situation, une véritable remise en question de ses pratiques managériales et la mise en place d’un organigramme plus efficace et adapté aux besoins des salariés se font attendre. De même, la direction n’a pas encore manifesté son intention de mettre fin à certaines pratiques clairement contraires au droit du travail luxembourgeois. En particulier, le refus de remettre en question la clause de confidentialité absolue contenue dans les contrats de travail, qui prévoit le licenciement immédiat en cas d’«indiscrétion» de toute sorte, alors que des clauses aussi imprécises que vastes ont clairement été invalidées par la jurisprudence luxembourgeoise (CSJ du 16 juin 1994, n° 14937 du rôle), n’est pas de nature à rétablir la confiance des salariés du MPI.

Comme le MPI est financé par l’Etat luxembourgeois (loi du 25 novembre 2014 portant financement du Max Planck Institute Luxemburg), le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche devrait agir en conséquence et intervenir auprès du MPI afin d’analyser la situation et mettre un terme aux dysfonctionnements constatés, qui peuvent nuire à l’image et l’attractivité de la recherche au Luxembourg.

En effet, en quelque sorte la situation au MPI peut être considérée comme la pointe de l’iceberg, devant le fait que des situations de harcèlement moral ou de mobbing se présentent encore bien trop fréquemment dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche publique au Luxembourg. Par conséquent, le département Enseignement supérieur et Recherche du SEW/OGBL fera de ce sujet une de ses priorités dans les semaines et mois à venir et développera une campagne à ce sujet.

Enfin, signalons que l’accord de coalition de 2018 prévoyait le dépôt d’un projet de loi sur la prévention du harcèlement moral «dans les meilleurs délais». Nous sommes toujours en attente de ce projet, qui, il faut l’espérer, renforcera le volet préventif, mais aussi les capacités d’intervention des délégations du personnel contre des situations avérées de mobbing et de harcèlement moral.

Communiqué par le syndicat Education et Sciences de l’OGBL
le 13 février 2020