Cargolux-HNCA: l’OGBL reste sur sa faim

20131009 MM MINISTERE DEVELOPPEMENT DURABLE ENTREVUE OGBL SYNDICLe 9 octobre 2013, une délégation OGBL conduite par André Roeltgen, secrétaire-général, a été reçue par le ministre du Développement durable et des Infrastructures, Claude Wiseler, pour un échange de vues sur les négociations en cours entre la compagnie aérienne luxembourgeoise Cargolux et l’investisseur chinois HNCA. Selon des informations révélées par RTL-Radio le 7 octobre, un accord commercial défavorable à Cargolux devrait accompagner la vente par l’Etat luxembourgeois à l’investisseur chinois de 35% des parts que l’Etat détient en portage depuis la sortie du capital de Qatar Airways.

Suite à ces révélations, le ministre avait invité l’OGBL à une réunion d’information avec le but de démontrer que les informations notamment de délocalisation partielle d’une partie de la flotte et de la maintenance de Cargolux en Chine n’étaient plus d’actualité puisqu’un nouveau projet d’accord commercial existerait depuis une semaine. Ce projet serait actuellement à l’étude du management de la compagnie Cargolux.

Le ministre se voulait rassurant et a insisté que les effectifs luxembourgeois ne seraient pas touchés par ce partenariat éventuel et qu’aucune forme de délocalisation n’aurait lieu. Il a insisté sur le fait que les Chinois accepteraient, dans le cadre de l’accord commercial, le business plan de Cargolux qui prévoit une évolution de la compagnie, plutôt qu’un rétrécissement. Dès que la direction de Cargolux aurait donné son aval, l’accord commercial sera soumis au conseil d’administration et au comité mixte pour approbation ou rejet. Le gouvernement n’entamerait la procédure de décision quant à la vente des 35% des parts que lorsque le conseil d’administration de Cargolux aura donné son approbation à l’accord commercial avec HNCA.

La délégation OGBL a soumis une série de questions au ministre, mais très peu de réponses concrètes n’ont été obtenues. Le ministre n’a pas pu produire une preuve écrite de ses allégations. L’OGBL insiste à ce que le gouvernement produise des garanties écrites sur trois points essentiels:

(a) une garantie d’emploi, à savoir une garantie que suite à une transaction éventuelle avec HNCA les effectifs luxembourgeois ne soient pas touchés;
(b) une garantie que le but de cette transaction est l’évolution de la compagnie Cargolux et non pas la création d’une concurrence à celle-ci et
(c) une garantie qu’aucune des opérations de Cargolux ne soit délocalisée.

L’OGBL a également exprimé un désaccord total sur deux points essentiels:

(1) pourquoi donner à nouveau à un investisseur étranger la minorité de blocage (plus de 33% des parts)? Même si HNCA accepte dans le cadre d’un accord commercial le business plan actuel de Cargolux, ils peuvent, par la suite, bloquer d’importantes décisions d’ordre stratégique au niveau du conseil d’administration, comme l’ont fait les Qatari. C’est notamment sur ce point que l’OGBL est d’avis que les négociateurs luxembourgeois, et notamment les représentants de l’Etat, n’ont pas tiré les leçons des erreurs commises dans l’affaire qatarienne;

(2) pourquoi les offres des autres investisseurs potentiels n’ont-elles pas été ou ne seront-elles pas soumises pour analyse au mangement et au conseil d’administration? Sur base de quels critères ont-elles été écartées?

L’OGBL reste donc sceptique sur ce partenariat et insiste à ce que le gouvernement – que ce soit le gouvernement transitoire ou le nouveau gouvernement – adopte une approche plus politique par rapport à ce dossier et s’engage vis-à-vis des salariés et de leurs syndicats que les emplois restent assurés et qu’aucune partie de l’entreprise ne soit délocalisée. Car, Cargolux est une entreprise systémique qui joue un rôle essentiel dans le secteur logistique au Luxembourg, qui en est même la clé de voûte.

Communiqué par le Syndicat Aviation civile de l’OGBL
le 10 octobre 2013