Affaire Orpea — Quel avenir pour les soins au Luxembourg ?

Le 18 janvier 2022, le groupe Orpea a fait une demande d’agrément auprès du ministère de la Famille luxembourgeois pour l’exploitation d’une maison de soins au Grand-Duché. Quelques jours plus tard, le 26 janvier 2022, le journaliste français Victor Castanet sortait un livre intitulé «Les Fossoyeurs», dénonçant des réalités scandaleuses dans les établissements Orpea en France, témoignant de maltraitances sur des personnes âgées, ainsi que des détournements de fonds publics et des discriminations syndicales.

Les syndicats français représentatifs dans le secteur dénoncent de leur côté également des discriminations régulières et structurelles. Ils préparent une série de plaintes dans ce contexte. Déjà en 2010, Orpea faisait appel à des agents secrets privés pour espionner les organisations syndicales au sein de ses établissements. Selon le livre de Victor Castanet, l’entreprise avait adopté une politique d’intimidation systématique à l’encontre des syndicats.

Par ailleurs, et suite à un échange avec les représentants syndicaux des organisations membres de la fédération UNI Global Union, le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL doit constater que le scandale autour d’Orpea est loin d’être un phénomène français isolé. Partout dans le monde où le groupe est installé et exploite des structures pour personnes âgées, les organisations syndicales dénoncent des problèmes similaires de rationnement des moyens, qui sont des conséquences directes de la politique d’Orpea, toujours à la recherche d’un taux de rentabilité plus élevé. Bien évidemment, ceci a des conséquences négatives importantes sur la prise en charge des résidents accueillis dans les différents pays.

Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL est alarmé face à ces témoignages et rappelle que le secteur des soins n’est pas un terrain de jeu pour de grands groupes privés à la recherche d’un business lucratif.

Cette triste réalité a poussé les syndicats à réagir et une alliance internationale s’est créée sous la coordination d’UNI Global Union, luttant pour de meilleures conditions de travail dans les établissements Orpea au niveau global. Une solidarité qui ne s’arrêtera pas aux frontières luxembourgeoises. Ainsi, comme le dit Adrian Durtschi, responsable UNICARE chez UNI Global Union: «Orpea doit enfin respecter les droits syndicaux dans le monde entier et changer pour le mieux. UNI et toutes ses organisations membres dans le monde entier soutiennent l’OGBL dans sa lutte pour de meilleures conditions de travail et une meilleure qualité dans le secteur des soins luxembourgeois».

La ministre de la Famille, Corinne Cahen, a estimé pour sa part dans la presse qu’elle n’est «ni juge ni avocate» et que la demande d’agrément du groupe international est toujours en train d’être traitée. L’OGBL fait appel aux responsables politiques pour ne pas ouvrir la porte à une entreprise internationale qui importe des méthodes scandaleuses, visant uniquement à faire du profit au détriment de la qualité de la prise en charge des personnes âgées et en bafouant systématiquement les droits de ses salariés.

Le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs se déclare solidaire avec tous les mouvements syndicaux européens et mondiaux qui dénoncent aujourd’hui le mode opératoire d’Orpea et appelle le gouvernement à ne pas ajouter le Luxembourg à la liste des pays concernés.

Communiqué par le syndicat Santé, Services sociaux et éducatifs de l’OGBL
le 21 février 2022