Depuis plusieurs mois, l’OGBL mène, ensemble avec la délégation du personnel de CEBI Luxembourg, les négociations en vue du renouvellement de la convention collective dans l’entreprise. Et force est de constater qu’au lieu d’un dialogue ouvert et orienté vers l’avenir, la direction répète un schéma malheureusement bien connu: après avoir commencé par proposer des reculs importants, elle finit par présenter comme un «compromis » le simple maintien du statu quo.
Le 10 novembre dernier, la direction a ainsi officialisé sa position dans un document écrit dans lequel elle propose de reconduire intégralement la CCT actuelle pendant trois ans, sans aucune amélioration, en refusant explicitement toute augmentation salariale et tout congé supplémentaire. Elle qualifie même cela d’«engagement final».
Pour les salariés qui, depuis des années, ont assuré la production, maintenu la qualité et porté l’entreprise à bout de bras — sans jamais voir de véritables progrès collectifs — cette position est un flagrant manque de respect. D’autant plus que CEBI a bénéficié de manière répétée de soutiens publics importants, financés par la collectivité.
Début décembre, la délégation et l’OGBL organisent des assemblées du personnel dans toutes les équipes pour informer, unir et préparer la suite. Si la direction refuse toujours de présenter une nouvelle offre claire, concrète et négociable, des actions syndicales — déjà prêtes — seront déclenchées.
CEBI n’a rien appris de dix ans de conflits sociaux
Entretien avec Béatrice Rizzo (présidente de la délégation du personnel), Sébastien Cadronnet (vice-président de la délégation) et Patrick Freichel (secrétaire central de l’OGBL)
Comment décririez-vous la situation après le nouvel échec des négociations?
Béatrice Rizzo: Nous sommes déçus et en colère. Avec sa posture, la direction s’oppose directement aux intérêts de celles et ceux qui font tourner le site chaque jour.
Sébastien Cadronnet: Sans notre travail, rien ne fonctionne ici. La direction agit pourtant comme si nous n’étions que des coûts à maîtriser. C’est irrespectueux.
Patrick Freichel: Du point de vue de l’OGBL, c’est évident: ce comportement met le dialogue social en péril. Face à cette situation, notre force, c’est l’unité: la délégation, l’OGBL et le personnel ne font qu’un bloc.
Qu’est-ce qui rend ces négociations particulièrement problématiques?
Béatrice Rizzo: La direction a ouvert les discussions en proposant des reculs majeurs. Cela prouve qu’elle n’avait aucune intention de parler de progrès social.
Patrick Freichel: Oui, et nous le disons clairement: rien ne nous a été offert par la direction. Les droits inscrits dans la convention collective ne sont pas des «acquis sociaux» — ce sont des conquis sociaux. Chaque droit a été gagné grâce à la lutte collective. Et nous refusons toute tentative d’entamer la négociation en tirant tout vers le bas.
Pourquoi retrouve-t-on toujours les mêmes blocages depuis des années?
Sébastien Cadronnet: Eh bien, parce que la direction refuse de reconnaître notre valeur. Elle répète les mêmes blocages qu’en 2018 et 2022. Jamais elle ne parle de modernisation ou d’amélioration.
Patrick Freichel: La direction de CEBI voit le personnel comme un coût. Mais la réalité, c’est l’inverse: nous sommes la valeur ajoutée de CEBI. Sans nous, il n’y a pas de production, pas de qualité, pas de clients.
Comment analysez-vous les évolutions salariales récentes?
Béatrice Rizzo: L’index a protégé notre pouvoir d’achat, mais il n’y a eu aucun progrès structurel, aucune évolution durable des salaires.
Patrick Freichel: C’est pour cela que nous exigeons une augmentation salariale collective. L’index n’est pas un geste de reconnaissance: c’est un minimum légal.
Quelles sont vos revendications concrètes?
Béatrice Rizzo: Il faut une augmentation salariale collective, une valorisation de l’ancienneté dans les congés, le maintien du pécule de vacances…
Sébastien Cadronnet: Et surtout: aucun recul. Le statu quo que la direction propose n’est pas un compromis — c’est un blocage.
Comment réagit le personnel?
Béatrice Rizzo: Les salariés sont très unis. Et ils voient bien que la direction refuse de dialoguer sérieusement.
Sébastien Cadronnet: Nous recevons chaque jour des messages de soutien. Les collègues disent: «On avance ensemble.»
Quelle importance ont les assemblées du personnel qui sont organisées début décembre?
Patrick Freichel: Elles sont essentielles. Nous allons informer toutes les équipes en toute transparence: ce que la direction propose, ce qu’elle refuse, et ce que nous exigeons. Et ces assemblées montreront une chose fondamentale: la délégation, le personnel et l’OGBL sont unis.
Béatrice Rizzo: Chaque salarié pourra exprimer son avis. C’est notre force.
Des actions syndicales sont-elles déjà prêtes?
Patrick Freichel: Oui. Nous avons plusieurs scénarios prêts. Nous espérons encore que la direction reviendra à la raison, mais si elle refuse toujours de bouger, nous agirons — ensemble, avec détermination.
Sébastien Cadronnet: La base est prête.
La direction a bénéficié de soutiens publics. Quelle responsabilité cela crée-t-il?
Patrick Freichel: Une responsabilité évidente. Quand une entreprise reçoit des aides publiques, financées par la collectivité, elle doit aussi respecter ses salariés. On ne peut pas accepter des subventions et refuser ensuite toute amélioration interne. C’est socialement et moralement incohérent.
Quel message final souhaitez-vous adresser à la direction?
Béatrice Rizzo: Nous ne sommes pas des éléments de coût. Nous sommes celles et ceux qui produisent, innovent et assurent la qualité.
Sébastien Cadronnet: La porte du dialogue est encore ouverte — mais elle ne le restera pas indéfiniment.
Patrick Freichel: Nous demandons à la direction de présenter une nouvelle offre, claire, concrète et négociable. Le statu quo n’est plus une option. Et nous le répétons: Rien ne nous a été offert par la direction. Nos droits ne sont pas des acquis — ce sont des conquis sociaux. Et nous les défendrons ensemble: délégation, personnel et OGBL.
L’article a été publié dans l’Aktuell (5/2025)
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