Retour sur le discours du 1er mai de la présidente de l’OGBL

C’est sur le parvis de l’abbaye de Neumünster, au Grund à Luxembourg, que l’OGBL avait à nouveau donné rendez-vous cette année pour le discours du 1er mai de la présidente de l’OGBL. Un discours qui était attendu, notamment en raison du contexte politique tendu, évidemment en raison de la remise en cause inédite des acquis et droits sociaux par le gouvernement actuel.

La présidente de l’OGBL, Nora Back, a toutefois tenu à ouvrir son discours du 1er mai sur les questions internationales et notamment la question de la paix. Alors que les conflits militaires se multiplient sur la planète, la présidente de l’OGBL a plaidé pour la recherche de solutions diplomatiques et le respect des organisations internationales, rappelant notamment que les premières victimes des guerres sont toujours les travailleurs.

«Nous défendons évidemment l’idée d’une Europe souveraine, forte et démocratique. Mais nous ne pouvons pas accepter: que nos ressources militaires soient doublées du jour au lendemain, que les actions des entreprises d’armement s’envolent soudainement, que nous nous endettions fortement tout d’un coup pour des dépenses militaires, alors que pendant des décennies, on nous a dit que s’endetter pour investir dans nos infrastructures et dans notre Etat social, dans le logement, dans les écoles et dans la protection de l’environnement nous mènerait à la ruine.», a également expliqué la présidente de l’OGBL.

Avant de passer en revue les différents dossiers qui opposent le camp syndical au gouvernement, pour la première fois de l’histoire de l’OGBL, Nora Back a également tenu à souhaiter au LCGB un beau 1er mai (notons que le président du LCGB a fait de même lors de son discours qui se tenait presque simultanément à Remich). Depuis octobre dernier, l’OGBL et le LCGB collaborent en effet très étroitement. «Dans une période où nous sommes si virulemment attaqués par la politique et le patronat, c’est une nécessité, c’est notre responsabilité, de ne pas nous laisser diviser et de lutter ensemble. Le front syndical fait peur à nos adversaires du patronat et de la politique – et cela démontre précisément que cette voie est la bonne, la seule.», a indiqué Nora Back.

Si le Premier ministre n’avait pas encore fait son annonce concernant la réforme des pensions, les attaques pro-patronales du gouvernement s’étaient néanmoins déjà accumulées depuis plusieurs mois et les inquiétudes concernant la réforme des pensions à venir étaient déjà grandes.

«Nous vivons dans un pays où certaines personnes accumulent des milliards, alors que d’autres ne savent pas comment elles pourront payer la prochaine facture d’électricité. Nous travaillons, jour après jour dans les soins, dans la construction, dans les usines, dans les écoles, dans les banques et dans des bureaux, y sacrifions notre temps de vie, nos nerfs et partiellement notre santé. Et on nous dit malgré tout: Soyez contents. Soyez reconnaissants. Le droit du travail est trop rigide. Vos salaires sont trop élevés. Vous ne travaillez pas assez. Vos pensions sont trop élevées. Vous ne travaillez pas assez longtemps. Vous êtes trop souvent malades. Le modèle social luxembourgeois veut dire: on bavarde et le CEO décide. Les syndicats dérangent. Manifester est dangereux, les drapeaux sont potentiellement des armes. On ne veut pas voir la pauvreté, c’est pourquoi on chasse les pauvres. La protection du climat gêne la compétitivité, c’est pourquoi on reste en-deçà des objectifs. Les droits des femmes sont importants et en tant que politiciens on aime bien se montrer à la grève des femmes, mais elles sont tout de suite moins importantes quand il est question d’horaires de travail et de pensions. Cela suffit maintenant. Stop à cette politique gouvernementale! Nous avons besoin maintenant de plus de démocratie, de plus de justice sociale et de plus de solidarité», a ainsi lancé Nora Back, appelant dans la foulée à se mobiliser pour la manifestation du 28 juin.

Dans un discours fleuve, la présidente de l’OGBL est revenue en détails sur les différentes attaques en cours — conventions collectives, temps de travail, travail dominical et heures d’ouverture dans le commerce, droits des délégations du personnel, droit de manifester — mais aussi sur les dossiers dont les  futures annonces du gouvernement étaient à craindre — pensions, assurance maladie — et les dossiers qui devraient être prioritaires pour le gouvernement, mais où rien ne se passe — justice fiscale, augmentation du salaire social minimum, discriminations des frontaliers, logement, protection du climat et de l’environnement, crise dans le secteur de l’industrie.

«Le gouvernement Frieden a décidé d’attaquer le modèle social luxembourgeois tel qu’il a fonctionné jusqu’à présent, avec une brutalité comme nous ne l’avons jamais connue», a averti Nora Back.

L’article a été publié dans l’Aktuell (3/2025)