Le département confronte le ministre du Travail à ses revendications

Une délégation du département des Travailleurs handicapés (DTH) de l’OGBL a été reçue le 12 mars dernier par le ministre du Travail. L’entrevue avait été demandée par le DTH pour s’entretenir des intentions du ministre en ce qui concerne le devenir du statut de travailleur handicapé, dont le DTH réclame depuis plus de 10 ans une réforme fondamentale (voir l’édition #1/2025 de l’Aktuell).

Le ministre et ses collaborateurs ont indiqué lors de l’entrevue qu’à ce stade, il n’y a pas à proprement parler de projet de loi en préparation, mais qu’en revanche un groupe de travail interministériel planche depuis plusieurs mois sur le sujet.

Le DTH en a donc profité pour confronter le ministre et ses collaborateurs à ses principales revendications. Parmi celles-ci figure l’introduction souhaitée d’un statut d’apprenti handicapé, qui aujourd’hui fait cruellement défaut et qui pourtant contribuerait fortement à l’inclusion, en permettant plus facilement à de jeunes travailleurs handicapés d’accéder au 1er marché de l’emploi. Le ministre et ses collaborateurs ont fait savoir qu’ils sont tout à fait conscients des carences actuelles de la loi en ce qui concerne la période de transition entre la scolarité des personnes handicapées et leur insertion professionnelle et que ce point fait partie intégrante des réflexions menées actuellement au sein du groupe de travail interministériel.

En ce qui concerne ensuite les quotas de salariés handicapés que les entreprises sont censées employer en fonction de leur taille, mais qui ne sont en vérité ni respectés ni même contrôlés, le ministre a laissé entendre qu’a priori il ne comptait pas durcir le dispositif. Alors que le DTH plaide pour un dispositif plus contraignant pour les entreprises (mise à contribution financière en cas de non-respect des quotas), le ministre privilégie quant à lui plutôt la piste d’incitatifs financiers supplémentaires à l’adresse des employeurs. Selon le ministre, l’un des obstacles majeurs au respect des quotas résiderait dans le fait qu’il y a actuellement insuffisamment de personnes disposant du statut de travailleur handicapé au Luxembourg pour satisfaire les quotas prévus par loi.

Enfin, le ministre et ses collaborateurs ne se sont pas dit totalement fermés à la revendication du DTH visant à mettre en place une reconnaissance transfrontalière des différents statuts de travailleurs handicapés, du moins à l’intérieur de la Grande Région. Ils ont néanmoins soulevé plusieurs difficultés dans le cadre d’une telle mesure, notamment le fait que les critères d’obtention du statut de travail handicapé différeraient énormément entre pays.

Le ministre a assuré au DTH qu’il serait consulté avant la finalisation du futur projet de loi. En attendant le DTH compte procéder à une analyse détaillée des contre-arguments apportés par le ministre, notamment en ce qui concerne le nombre de personnes présentant le statut de travailleur handicapé qui soi-disant insuffisant pour satisfaire les quotas prévus par la loi et la supposée trop grande disparité entre pays en ce qui concerne l’attribution du statut de travail handicapé.

L’article a été publié dans l’Aktuell (2/2025)