Travailler en dignité à Cochabamba

travail_digne_bolivie_2«Un projet qui conviendrait parfaitement au domaine d’expertise et au portfolio de l’a.s.b.l. OGBL Solidarité syndicale» ; voilà ce qu’ont dû se dire nos collègues de Niños de la Tierra (ONG luxembourgeoise) lorsqu’ils nous ont suggéré de coopérer sur le projet «travail digne» à Cochabamba en Bolivie. Une analyse à laquelle nous consentons. Raison pour laquelle l’a.s.b.l. OGBL Solidarité syndicale a accepté de coordonner à partir de janvier 2016 ce projet lancé par Eng Bréck mat Latäin-amerika (autre ONG luxembourgeoise) en 2011.

Il s’agit d’un projet remarquablement franc et clair, dont l’objectif principal consiste à offrir un appui général et individuel à la population socialement défavorisée de Cochabamba dans son effort de pouvoir travailler dans un environnement plus socialement responsable et respectueux. La démarche principale du projet : Equiper les gens de connaissances et d’outils leur permettant d’accéder à un travail digne dans le respect de leurs droits et des lois existantes.

Pour y parvenir, nous employons différents moyens.

D’une part, nous proposons des formations autour de différents aspects liés au travail dans des écoles et auprès de différentes institutions et organisations concernées. Alors que les lois du travail boliviennes existantes sont assez bien élaborées, une grande partie de la population bolivienne, notamment à Cochabamba, les ignorent. Cela permet aux patrons disposés d’en tirer parti, d’imposer de mauvaises conditions de travatravail_digne_bolivie_1il sans devoir craindre aucune résistance de la part de leurs employés. Une situation à laquelle nous désirons remédier : au travers des formations mentionnées, mais également moyennant notre présence à une multitude d’événements publics, ce qui nous permet d’atteindre un public plus large.

Mais nous ne nous arrêtons pas là. Notre équipe sur place offre par ailleurs une assistance individualisée à des employés qui remettent en question leurs conditions de travail. Ils ou elles reçoivent des conseils et formations adaptés aux problèmes qu‘ils ou elles rencontrent au travail. En cas de litige entre employé et employeur, le projet fournit même une assistance juridique gratuite, prestée par un membre de notre équipe, avocat spécialisé dans le droit du travail, et soutenue par le ministère du Travail bolivien.

travail_digne_bolivie_3Outre les employés potentiellement malmenés nous soutenons des personnes à la recherche d’un emploi digne. En établissant le contact entre demandeurs d’emploi et entreprises opérant à Cochabamba, qui respectent explicitement les normes fixées par la loi de travail bolivienne, par exemple. Lors de formations adaptées les demandeurs d‘emploi sont informés sur le droit du travail, mais également leurs devoirs et un comportement approprié. Lorsque jugé indiqué, le projet leur fournit un appui psychologique favorisant leur entrée sur le marché du travail. Afin de s’assurer que tout se passe bien, un membre de notre équipe accompagne le cas échéant les personnes concernées à des entretiens d’embauches et garantit un suivi individuel, dans le but de favoriser une relation de travail stable et satisfaisante pour les deux partis.

Début de l’année 2016, s’est rajouté à notre équipe un économiste qualifié qui forme des personnes qui désirent devenir indépendantes – c.-à-d. démarrer leur propre petit commerce – en élaboration de plan d’affaires, calcul de budget, techniques de vente, etc. Il les appuie dans toutes les démarches nécessaires (permis de vente, prêt bancaire, sécurité sociale) et fait le suivi individuel. Ce nouveau service répond directement à la demande exprimée explicitement par un nombre croissant de bénéficiaires.

De cette manière, nous visons évidemment la création de davantage de postes de travail digne à Cochabamba, mais également un décalage de l’équilibre social et économique en faveur de la population jusque-là défavorisée. En consolidant les connaissances et la situation initiale de cette dernière, elle pourra davantage imposer ces droits et intérêts.


Après la naissance de notre fille, j´ai eu des problèmes à trouver du travail. En février 2015, une ONG qui nous aidait m’a donné les coordonnées du projet « Tra­bajo digno ». Dès les premiers contacts, je me suis sentie à l‘aise. Les gens du projet étaient toujours là pour moi. Ils m’ont proposé de travailler comme plongeuse dans un restaurant. Ma nouvelle patronne est très bonne envers moi. Elle m’a même aidé à trouver une gar­derie pour ma fille. Maintenant, mon enfant est toujours près de moi.
Simona Salazar


De quoi je me mêle ?

Dans le but allégué d’assurer la pérennité du régime général de pension luxembourgeois, le gouvernement a créé le Fonds de compensation (FdC), un établissement public qui dispose de la réserve de compensation du régime général de pension pour opérer des placements dans toute une panoplie de titres financiers. Le portefeuille du FdC inclut en 2015 entre autres des titres de l’entreprise Glencore. Au travers de sa filiale Sinchi Wayra/Illapa, société minière spécialisée en extraction de zinc, Glencore est présente en Bolivie également où la multi-nationale a un impact considérable sur les conditions de travail et de vie de ses salariés sur place et leurs familles. En 2015, le FdC a investi dans 5 parmi les 10 premières entreprises cotées en bourse bolivienne: De La Rue, Gazprom, Unilever, Cargill, Kimberly-Clark. Avec le versement de nos pensions, il nous revient une certaine responsabilité sociale – en Bolivie et ailleurs.


Travail digne

En bref, un travail digne implique une rémunération suffisante pour assurer une subsistance décente à la personne qui l’accomplit et sa famille, une sécurité sociale, des horaires de travail permettant de concilier la vie professionnelle, familiale et personnelle ainsi qu’un certain sentiment de satisfaction de la personne qui l’accomplit. En termes légaux, un travail digne est un travail qui respecte les normes internationales, élaborées par le Bureau International du Travail.


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