Centre de formation économique et social à Praïa, capitale du Cabo Verde

Au travers de la création d’un Centre de formation économique et social à Praïa nous stimulons le développement et le renforcement des capacités du secteur syndical capverdien.

  • Un espace pour la défense des droits sociaux

    Récemment, nos collègues de l’Union Syndicale UNCTS-CS du Cabo Verde nous ont approchés pour nous proposer un partenariat relatif à la conception d’un Centre de formation économique et social à Praïa, capitale du Cabo Verde.

    Le gouvernement leur a offert à cette fin un immeuble en plein centre ville. Un immeuble qui exige cependant de vastes rénovations. La première phase du projet sera donc marquée par la mise en état de l’immeuble et son adaptation à sa nouvelle fin. Mais, il s’agira également de dresser d’ores et déjà un concept quant aux services et activités proposés par ce futur Centre de formation économique et social, dans l’objectif de considérablement accroître les connaissances des syndiqués capverdiens relatif à la protection sociale et le droit du travail. Voilà, sans doute le projet qui témoigne le plus de notre origine syndicale.

    Le projet se trouve encore en phase de préparation. Il verra le jour d’ici peu et occupera notre ONG dans les années à venir. L’objectif principal consiste à consolider le syndicalisme et donc le statut des salariés au Cabo Verde en créant un espace qui permet une meilleure coordination des efforts de formation économique et sociale déployés par le mouvement syndical capverdien.

    En outre, ce projet assure la durabilité d’un premier projet que notre association a mené à bien en collaboration avec le même partenaire local, l’Union Syndicale UNCTS-CS. Lors de ce premier projet, réalisé entre 2011 et 2013, a été développé un site web rassemblant sous forme compréhensible les informations fondamentales de la législation du travail et du droit social capverdien. Afin de faciliter l’accès à cette information, nous avons également installé un «point d’information» – un genre de café internet social accessible à tous – par île capverdienne habitée, donc neuf au total. Il faut garder à l’esprit qu’un accès internet est une chose bien moins évidente et banale au Cabo Verde qu’au Luxembourg, ne serait-ce que pour des raisons géographiques. Pour compléter l’offre, des formations gratuites d’initiation à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont été proposées aux intéressés. D’une part, l’accès à l’information et la faculté de l’assimiler représente un prérequis indispensable au droit à l’information – droit fondamental qui revient à chacun et chacune. D’autre part, afin de pouvoir garantir une bonne coordination syndicale, les technologies de l’information et de la communication sont d’autant plus importantes au Cabo Verde où la population est dispersée sur neuf îles assez éloignées l’une de l’autre et les déplacements par bateau ou par avion soumis à de nombreux aléas.

    En collaboration avec l’Union Syndicale UNCTS-CS, nous mettrons à profit l’expérience acquise lors de ce premier projet au nouveau défi que nous nous sommes fixé : la création d’un Centre de formation économique et social à Praïa ainsi que la bonne gouvernance de celui-ci.
    Au Cabo Verde, comme au Luxembourg ou ailleurs, il faut bien garder à l’esprit qu’il ne suffit pas d’avoir des lois de travail en place, mais que, pour qu’elles soient bien respectées, il faut égale- ment des syndicalistes qui sont prêts à défendre les salariés, qui connaissent le droit du travail et ses modalités et qui en plus savent comment l’appliquer. Cela n’est pas donné, mais cela s’apprend et cela se cultive. Le futur Centre de formation économique et social vise à en fournir les moyens nécessaires aux syndiqués capverdiens.

     

    Le gouvernement capverdien a offert aux syndicats un immeuble en plein centre de Praïa. A terme il sera le central des formations économiques et sociales avec un centre de documentation, des bureaux, des salles de réunion et éventuellement un petit studio d’enregistrement pour des émis­sions de formation. Nos amis de l’a.s.b.l. ONG Solidarité syndi­cale nous soutiendront dans la réalisation de ce nouveau projet.
    Júlio Ascenção Silva, Secrétaire général de UNCTS-CS

     

    De quoi je me mêle ?

    Il existe aujourd’hui la volonté explicite de donner un caractère davantage économique aux relations bilatérales privilégiées qu’entretiennent le Luxembourg et le Cabo Verde. Ainsi par exemple, le 4ième  Programme Indicatif de Coopération, signé entre les deux pays en mars 2016, prévoit la mise en place d’un fonds de diversification des relations bilatérales, duquel profiteront les entreprises luxembourgeoises et capverdiennes qui désirent s’engager dans des activités économiques dans l’autre pays partenaire. Dans un esprit comparable, la Business Partnership Facility, présentée par le ministre Romain Schneider en avril 2016, est destinée à cofinancer des initiatives du secteur privé – de préférence lux- embourgeoises – qui contribuent au développement et à la création d’emplois dans les pays en développement – de préférence partenaire de la Coopération luxembourgeoise, donc au Cabo Verde notamment. Plus le secteur privé luxembourgeois s’engage au Cabo Verde, plus nos économies et notre bien-être seront reliés. Avec la poursuite de nos intérêts économiques, il nous revient une certaine responsabilité sociale – au Cabo Verde et ailleurs.

    Solidarité syndicale

    Cette année l’OGBL célèbre les 100 ans du mouvement syndical libre au Luxembourg. En 1916, les ouvriers de la métallurgie, poussés par la crise sociale engendrée par la Première Guerre mondiale, fondèrent le «Berg- und Hüttenarbeiterverband» et le «Metallarbeiterverband». D’autres luttes sociales menées par le mouvement syndical libre ont succédé et ont abouti aux acquis sociaux, aujourd’hui si évidents à nos yeux. Des acquis qui sont pourtant toujours remis en cause, par les mesures d’austérité d’aujourd’hui par exemple.

  • Conclusions sur le projet

    Après plusieurs années de développement le projet a fermé en 2023.

    Si l’objectif du projet était et est toujours reconnu comme pertinent par à peu près tout le monde, y compris les différents évaluateurs et acteurs syndicaux, il ne peut exister durablement un centre de formation syndical sans l’investissement actif des centrales syndicales dans le fonctionnement du centre. Or les centrales ne sont pas en très bonne position pour assurer la durabilité du projet, du moins comme nous l’espérions. Toutefois, les discussions sont en cours pour transférer la plateforme et le contenu de formation à l’UNTC-CS.

    Dans son ensemble, le projet a connu certains succès malgré des difficultés substantielles tout au long de son déroulement.

    Nous avons coordonnée une grande conférence-séminaire à Praia du 15 au 16 juillet 2019 sur le sujet « Besoins en formation syndicale et professionnelle au Cabo Verde » ; en présence du Directeur Général du Travail du Cabo Verde, de la représentante de l‘Ambassade du Luxembourg au Cabo Verde, de divers représentants et dirigeants d‘organisations du travail nationales et internationales, de syndicats et des universités, et d’une délégation luxembourgeoise de l‘ONG OGBL, menée par Armand Drews. À la délégation luxembourgeoise se rajoutait Carlo Frising, chargé de direction du Luxembourg Life Long Learning Center de la Chambre des Salariés, qui a présenté́ aux participants le modèle luxembourgeois de la formation syndicale et professionnelle. Cet évènement a également servi de plateforme pour présenter au public cible cap-verdien notre projet avec tous ses bénéfices potentiels pour le Cabo Verde et sa population. Ce fut le véritable moment de kick du projet.

    Le 2 janvier 2020, la représentation légale de l’ONG OGBL au Cabo Verde a enfin été reconnue par les autorités capverdiennes.

    Un autre moment important pour le projet, le 21 juillet 2020, le Ministère de la Justice et du Travail capverdien a officiellement reconnu la création de l’a.s.b.l. Centro de formação sindical e profissional – CENFOS, une condition indispensable pour pouvoir embaucher une équipe et entamer de pleine force les activités du Centre de formation. En outre, nous avons signé́ le 15 décembre 2020 un « protocole d’accord pour la cogestion du projet » avec l’a.s.b.l. CENFOS, depuis le partenaire officiel du projet au Cabo Verde.

    En mai 2021, l’attribution de la licence de formation fut remise au CENFOS par la direction générale de l’emploi, de la formation professionnelle et stage professionnel du ministère des Finances du Cabo Verde nous a permis de lancer des formations certifiées.

    De mars à avril se déroulait la première formation organisée par le CENFOS en collaboration avec le Centre international de formation (CIF) de l’OIT intitulée « Protection sociale au Cap Vert et les groupes vulnérables ». A cette formation précédait une visite d’une délégation de l’OIT au CENFOS ainsi que la signature d’un protocole de partenariat entre CENFOS et CIF-OIT, un partenariat très précieux duquel les deux parties profitent.

    La première formation réalisée par CENFOS en tant que centre de formation accréditée fut une formation sur «la loi de la parité́ : égalité́ et équité» en juin 2021. En septembre 2020, CENFOS organisa une première formation hors de Praia sur l’île de Sal. La formation traitait de « droit du travail, négociation collective et dialogue social » et s’adressa aux différents syndicats de Sal.

    En octobre 2021 eu lieu l’inauguration officielle du CENFOS en présence d’une délégation de l’ONG OGBL venue du Luxembourg et de représentants syndicaux et politiques capverdiens et internationaux.

    CENFOS a signé́ au cours de l’année 2021 une série de partenariats stratégiques avec des institutions nationales, notamment l’Association Capverdienne de Lutte contre la Violence Basée sur le Genre (ACLCVBG), l’Institut de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (IEFP) et la municipalité́ de Praia (Câmara Municipal da Praia), ainsi que le protocole de partenariat avec CIF-OIT.

    A défaut de l’existence d’une base de données listant les représentants syndicaux capverdiens, l’équipe du CENFOS a établi une telle liste afin de pouvoir mieux communiquer avec un de ses publics cibles principaux, les syndicats. Afin d’avoir une vue d’ensemble du milieu syndical capverdien et des infrastructures et ressources à disposition dans les différentes communautés du Cap Vert, la présidente du CENFOS a visité́, en 2021, les îles de Sal, São Vicente, Santo Antão, Fogo et Maio.

    CENFOS a développé́ et publié, en 2021, un premier catalogue de formations présentant les différents modules de formations qu’il propose. Entre mars 2021 et avril 2022, CENFOS a organisé un total de 22 formations qui comptaient un total de 620 inscrits.

    Le projet a connu un certain essor entre septembre 2020 et avril 2022.

    En 2023, nous organisons toutefois la passation de tous les éléments du projet que pourront utiliser les syndicats, notamment les modules de formation.

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