22 mai 2018

Libérez les acteurs de la société civile du Niger !

Conférence de Presse d’Amnesty International, avec SOS Faim et le Cercle de Coopération des ONGD

Luxembourg, le 18 mai 2018

Intervention de Raymond Weber, au nom du Cercle de Coopération des ONGD

-          Le Niger, s’il est l’un des pays les plus pauvres du monde, est aussi celui qui reçoit une aide substantielle du Luxembourg, dans le cadre du 3e PIC (Programme Indicatif de Coopération). Ce programme de coopération, qui se monte à quelques 20 millions d’EUR par an, entre 2016 et 2020, vise au renforcement des capacités du Niger, par l’accélération d’une croissance inclusive, par un développement social soutenu et par une gestion durable des ressources naturelles, dans un contexte de bonne gouvernance et de sécurité. Pour le Luxembourg, cette notion de « bonne gouvernance » n’implique pas seulement une lutte permanente contre la corruption et pour une gestion responsable des fonds alloués, mais aussi le respect des droits de l’homme, de l’Etat de droit et des processus démocratiques. Donc la reconnaissance pleine et entière des droits politiques et des libertés civiques, parmi lesquels, notamment, la liberté d’expression et le droit de manifester contre toute forme d’injustice et de réduction des libertés publiques ;

-          Aujourd’hui, trois collaborateurs d’Alternative Espaces Citoyens (AEC), à savoir Moussa Tchangari, Ibrahim Diori et Yahada Badamassi se trouvent en prison, avec d’autres militants des droits humains, parce qu’ils ont pris au sérieux leur devoir et leur responsabilité de citoyen et qu’ils s’engagent pour un respect réel des droits de l’homme. Si SOS Faim se trouve en première ligne pour défendre ses collaborateurs, le Cercle de Coopération des ONGD tient à manifester son soutien plein et entier, non seulement parce qu’il est convaincu que la cause défendue est juste, mais aussi parce que nous avons conscience – malheureusement – que ce qui arrive aujourd’hui à des collaborateurs de SOS Faim au Niger peut arriver demain à d’autres, en Afrique de l’Ouest ou en Amérique Latine ;

-          Ce qui se passe au Niger illustre aussi, en quelque sorte, que le travail d’une ONGD ne saurait être purement « technique ». Celui qui se bat pour le développement d’une région ou d’un pays, doit aussi lutter contre les inégalités et les injustices et pour les droits humains d’une société civile. Il est forcément « acteur de changement » et fait donc aussi un travail « politique » et citoyen ;

-          Nous sommes heureux de savoir que le gouvernement luxembourgeois, et ses ministres Jean Asselborn et Romain Schneider, soutiennent les efforts faits par SOS Faim Luxembourg et d’autres acteurs de la société civile, pour faire libérer au plus vite les militants emprisonnés ces deux derniers mois. Mais nous tenons aussi à marquer notre inquiétude devant la « tiédeur » des réactions des pays européens face aux exactions du gouvernement nigérien. Serait-ce que les pays européens, qui veulent soutenir pleinement les efforts du gouvernement nigérien dans sa lutte contre le terrorisme et pour une « migration contrôlée », ne seraient pas trop regardants concernant le respect, par ce même gouvernement nigérien, des droits humains et des libertés publiques ? Si tel était le cas, ce serait, à nos yeux, un mauvais calcul, dommageable non seulement pour le Niger et sa « bonne gouvernance », mais aussi pour le crédit de l’UE et de ses Etats membres auprès des opinions publiques ouest-africaines.

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