8 juin 2015

Discours d’introduction d’Armand Drews – table ronde « tax justice », 2 juin 2015 :

discours_armandMesdames, Messieurs,

Soyez les bienvenues à cette soirée débat sur la justice fiscale globale, organisée par le Cercle de Coopération en collaboration avec Etika et Gréng Stëftung.

Avant de donner la parole à nos invités, je souhaite vous expliquer en quelques mots introductifs en quoi la « justice fiscale » et la « finance internationale » concernent le Cercle de coopération des ONG de développement.

En tant que plateforme des ONG de développement luxembourgeoises nous représentons et défendons les intérêts des plus démunis dans les pays en voie de développement. Souvent, ces populations sont impactées – ne fut-ce qu’indirectement – par les décisions politiques qui sont prises en Europe et au Luxembourg.

Nous savons par exemple que la politique agricole européenne ou la politique de commerce et de douanes de l’Union européenne ont un impact négatif sur les pays en voie de développement et leurs populations.

Au niveau du Luxembourg aussi, nous savons que certaines politiques ici ont un impact négatif sur d’autres pays, comme par exemple la politique climatique du Luxembourg.

Nous constatons donc qu’il existe un incohérence entre, d’une part, la volonté du Luxembourg de combattre la pauvreté et réduire la faim dans le monde (à travers une aide au développement et un engagement généreux), et d’autres politiques d’autre part.

L’objectif du Cercle de Coopération est de soulever, signaler ces incohérences, d’en débattre et d’essayer de les réduire. Pour que nos politiques deviennent plus justes et équitables (d’ailleurs le Cercle publie tous les 2 ans un baromètre « Fair Politics » sur ce sujet).

Nous sommes de l’avis que, vu l’importance de la place financière du Luxembourg, une réflexion sur l’impact potentiellement négatif que peuvent avoir les pratiques de la place financière sur d’autres pays, notamment les pays en voie de développement, mérite d’avoir lieu. Vu que ce sujet est tellement vaste, nous vous proposons aujourd’hui un débat sur la question de la « justice fiscale » :

L’épanouissement de toute société et économie dépend de la capacité d’un Etat à se procurer des revenus suffisants pour financer l’infrastructure physique et sociale. La politique fiscale d’un pays est une composante essentielle de son processus de développement durable.

D’après un récent rapport des Nations unies, les pays en voie de développement perdent chaque année 100 milliards de dollars à cause de pratiques fiscales douteuses de la part de multinationales, qui ne paient pas leur juste part d’impôts dans les pays dans lesquels les profits sont réellement générés.

Ces pertes fiscales des pays en développement représentent un multiple de l’aide publique au développement !

Alors que le gouvernement Luxembourg investit 1% de son RNB dans l’aide au développement, en même temps – vu l’importance de la place financière luxembourgeoise – il n’est pas à exclure que le Grand-Duché ait une certaine responsabilité dans cette fuite de capitaux, si désastreuse pour les pays en voie de développement.

A l’intérieur d’un état démocratique une justice et solidarité fiscale sont considérées comme une évidence, alors pourquoi ne serait-ce pas aussi le cas à l’échelle mondiale ?

La mobilisation des ressources intérieures des pays en développement – donc des impôts – figurera également à l’ordre du jour de la troisième conférence internationale sur le financement du développement, qui se déroulera à Addis-Abeba en Ethiopie du 13 au 16 juillet. Vous voyez donc, la « finance » et la « fiscalité » sont bel et bien des sujets qui nous concernent !

Nous remercions la Banque de Luxembourg pour la mise à disposition de leur magnifique Auditorium, afin de nous permettre d’aborder avec vous ce soir ce sujet crucial à la lutte contre la pauvreté.

Merci!

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