Comme prévu dans le programme gouvernemental 2018-2023, les transports publics (bus, train et tramway) deviendront gratuits sur l‘ensemble du territoire luxembourgeois à partir du 1er mars 2020.
L’OGBL a salué cette mesure comme une avancée tant environnementale que sociale. Dans les faits, un renouvellement des transports publics s’impose cependant dans le cadre de la nécessaire transition écologique. La gratuité des transports publics est certes un signal fort à l’égard du secteur et représente un gain de pouvoir d’achat pour les travailleurs et les retraités qui les utilisent. Mais compte tenu de la congestion sans cesse croissante de notre réseau routier et du nombre d’embouteillages, il est impératif d’améliorer les transports publics.
La gratuité des transports publics ne permettra en effet pas à elle seule d’atteindre l’objectif politique en matière de climat et de mobilité qui consiste à promouvoir le passage de la voiture individuelle au bus, au train ou au tram. Elle devra s’accompagner d’autres mesures. La seule question du prix n’incitera pas davantage de travailleurs à utiliser les transports publics pour se rendre sur leur lieu de travail si le temps de trajet est beaucoup plus long, s’ils doivent prendre plusieurs correspondances, si les trains ou les bus sont bondés ou s’ils doivent s’attendre à des retards quotidiens.
Pour autant qu’il soit possible pour eux de rejoindre leur lieu de travail grâce aux transports publics et que les horaires correspondent à leur journée de travail! Ce n’est malheureusement toujours pas le cas pour de nombreux travailleurs, qui n’ont donc pas d’autre choix que de se déplacer en voiture.
Afin de rendre les transports publics réellement plus attrayants, il convient donc, en plus de leur gratuité, de lancer un vaste programme d’investissement pour améliorer à la fois l’offre (densification du réseau, fréquence, plus de bus de nuit) et la qualité du service. La ponctualité, la rapidité, le confort et la sécurité revêtent une importance cruciale.
Malheureusement, certaines choses pointent actuellement dans la direction opposée.
Même s’il y a eu quelques améliorations par rapport au projet de réforme initial du RGTR, le nombre de lignes est réduit de 234 à 179 (157 au départ). Plus de bus devraient rouler le dimanche et le soir; cependant, il y aura moins de connexions directes dans les petites localités, donc plus de correspondances. Ce n’est pas forcément le moyen d’amener plus de gens à prendre le bus. Il n’est pas acceptable que les zones rurales soient laissées de côté.
La qualité laisse par ailleurs à désirer dans le secteur ferroviaire: retards fréquents, annulations de trains, navettes de remplacement, trains surchargés aux heures de pointe, etc. Autant de désagréments qui font que les voyages en train sont de moins en moins agréables, devenant une source de stress pour les usagers plutôt qu’une occasion de se détendre ou de lire. Des investissements à long terme sont nécessaires afin d’améliorer la qualité de l’offre. Le nombre d’employés doit être suffisant afin de pouvoir informer et conseiller les clients de manière compétente. Il est donc hors de question de procéder à des réductions d’effectifs.
Il conviendrait également de remédier au fait que de plus en plus de gares se transforment en véritables stations fantômes, sans personnel à qui s’adresser, ce qui est pour le moins incompatible avec l’idée d’un transport public attrayant. Ces gares ne sont guère accueillantes et inspirent même un sentiment d’insécurité, perdant ainsi leur fonction de lieu de rencontre propice à la flânerie. La fermeture de guichets et le fait de limiter la disponibilité des billets internationaux à deux gares (Luxembourg et Belval-Université) constituent une véritable dégradation du service, qui ne contribue en rien à son attrait. Cela était un pas dans la mauvaise direction, qui devrait être revu.
L’offre destinée aux frontaliers ne doit de surcroît pas être négligée. La coopération transfrontalière dans le secteur des transports doit encore être améliorée et renforcée. La ligne Luxembourg-Gouvy ne doit pas être altérée; au contraire, de meilleures liaisons vers Vielsalm et Trois-Ponts sont nécessaires. Il n’existe toujours pas de ligne ferroviaire directe entre Luxembourg et Sarrebruck et les trains vers la France sont surchargés. Enfin, les frontaliers devraient également pouvoir bénéficier de la gratuité des transports publics, qu’il conviendrait donc d’étendre aux premières gares derrière la frontière.