Le «travail 4.0», la digitalisation de l’économie, comporte des risques d’une évolution négative des relations et des conditions de travail. Mais ils offrent aussi des potentiels énormes pour un meilleur aménagement des conditions de travail, pour une meilleure harmonisation entre travail et vie privée, pour plus de temps de vie pour les salariés.
Le patronat par contre vise une flexibilisation à outrance, un salarié joignable 24 heures sur 24, une dérégulation maximale des heures de travail. Il a essayé de faire passer en force ses idées lors de la discussion de la réforme de la loi PAN. L’opposition conséquente de l’OGBL a su empêcher cela et a mené à des améliorations par rapport à l’ancienne loi. L’OGBL invite maintenant les partis politiques de s’engager pour des réformes progressistes qui modernisent notre droit de travail et améliorent l’organisation du temps de travail dans l’intérêt du salarié.
Réduire le temps de travail, augmenter le temps de vie. Dans un contexte marqué par une augmentation de l’intensité du travail, de la pression et du stress, l’OGBL demande aux partis politiques de s’engager pour une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire. La réduction du temps de travail ne contribue pas seulement à une meilleure protection de la santé du salarié et à une meilleure conciliation entre travail et vie privée. Elle est aussi un moyen de lutter contre le chômage et le sous-emploi. L’OGBL est persuadé que le but de rétablir le plein emploi doit continuer à être visé et qu’il ne pourra pas être atteint sans réduction du temps de travail. Au vu du progrès technologique, des processus de production sans cesse plus courts et les gains en productivité qui en découlent, les marges de manœuvre économiques pour une telle réforme progressiste existent.
Pour la 6e semaine de congé légal. Une première mesure en vue d’une réduction du temps de travail est pour l’OGBL la généralisation de la 6e semaine de congé payé. Comme le nombre de jours de congé légaux n’a plus évolué (hors conventions collectives) depuis les années 1970, il est grand temps de prévoir une telle mesure au plan national.
Congé social. Une autre mesure en vue d’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, est le congé social, qui permet au salarié de s’absenter pour accompagner par exemple des membres de la famille dans le besoin, sans devoir recourir à son congé annuel de récréation. Un tel congé existe actuellement dans la Fonction publique et dans plusieurs conventions collectives. L’OGBL estime que le moment est venu pour prévoir la généralisation du congé social par voie légale.
Droit au temps partiel volontaire à durée déterminée. L’OGBL demande l’introduction d’une base légale permettant aux salariés à choisir des options de temps de travail à temps partiel garanties pour les adapter aux besoins liés au cycle de vie spécifique (p.ex. parents avec des enfants à bas âge). Ce droit devrait obligatoirement être combiné à un droit de retour à un temps plein à la fin de la période. En même temps, des mesures sont à prévoir pour lutter contre le phénomène du temps partiel involontaire (imposé au salarié contre son gré, notamment dans les secteurs du nettoyage et du commerce).
Une flexibilité positive: les comptes épargne-temps. Le principe du compte épargne-temps (CET) vise à offrir au salarié la possibilité d’épargner du temps de travail supplémentaire presté pour l’échanger de manière flexible contre des congés ou réductions du temps de travail. L’OGBL a fait des propositions très précises, en tenant compte de trois principes de base:
1) Le CET ne pourra être établi que par convention collective de travail ou par accord interprofessionnel, pour éviter toute flexibilisation unilatérale imposée par l’employeur.
2) Une heure est une heure, c’est-à-dire sa valeur nominale doit être adaptée à sa valeur réelle au moment où il est pris.
3) Les heures épargnées doivent être garanties pour le salarié.
L’accord récemment trouvé entre les partenaires sociaux et le ministre du travail doit maintenant être transposé au plus vite.
Pour un droit à la déconnexion. À cause des nouvelles technologies de la communication, la tendance d’être joignable à tout moment en dehors du lieu de travail pour des raisons professionnelles (p.ex. par e-mail et smartphone) se développe. En conséquence, les limites entre vie au travail et vie privée deviennent de plus en plus poreuses. C’est pourquoi, pour protéger les travailleurs qui emploient les moyens technologiques de la digitalisation et pour une conciliation positive entre vie privée et travail, l’OGBL revendique le droit à la déconnexion.
Pour une meilleure réglementation du télétravail. Il y a lieu de revoir l’accord entre partenaires sociaux sur le télétravail en permettant des assouplissements, à condition qu’ils soient négociés dans le cadre d’une convention collective. Il faut en même temps éviter que le télétravail débouche sur une surcharge de travail ou sur une perte du lien social avec les autres salariés de l’entreprise. Par ailleurs, des réflexions sont à engager sur des questions telles que l’imposition et la couverture sociale des travailleurs frontaliers, la protection des données etc.