La nécessaire transition écologique, les efforts à faire pour atteindre les objectifs climatiques nécessiteront une politique conséquente d’investissements à un niveau très élevé.
Ne citons que l’OCDE qui a estimé en 2017 (rapport «Investing in Climate, investing in growth»), que 6,9 billions de dollars devraient être investis par an dans les seules infrastructures pour atteindre les objectifs prévus par l’accord de Paris. Pour comparaison: l’UE prévoit dans le cadre de son «green deal» des investissements d’un billion d’euros (1,11 billion de dollars) sur dix ans. Malgré le montant qui peut paraître à première vue très élevé, on reste loin de ce qui serait nécessaire.
Or, sans des efforts supplémentaires, l’objectif d’une neutralité climatique à l’horizon 2050, ne peut être atteint. La conférence climatique de Madrid (COP25) n’a malheureusement débouché sur aucun accord permettant d’avancer dans cette direction. Elle doit donc être vue comme un échec complet. A défaut d’une volonté commune d’avancer sur le plan mondial, l’UE doit montrer l’exemple et aller de l’avant. Cela nécessite toutefois une révision des règles budgétaires restrictives et une sortie définitive de la politique de rigueur budgétaire.
Les taux extrêmement faibles, voire négatifs, des banques centrales permettent d’ailleurs aux Etats de contracter des emprunts à des conditions très avantageuses. Il faut profiter de cette situation tant qu’elle dure.
Mais cela n’est pas suffisant. Il faudra aussi générer des recettes supplémentaires au niveau mondial. Une augmentation des accises sur le gasoil ou une taxe CO2 ne seront à eux-mêmes pas non plus suffisant pour générer les fonds nécessaires. La question climatique pose en fin de compte aussi la question d’une imposition plus juste, de la concentration extrême des richesses au niveau mondial (confirmée chaque année dans les rapports de l’ONG Oxfam. Selon cette dernière, en 2018, 26 personnes possédaient autant que la moitié la moins bien lotie de la population mondiale, soit 3,8 milliards de personnes), de la spirale vers le bas au niveau de l’imposition des entreprises… bref, de la justice sociale au niveau mondial.
En ce qui concerne le Luxembourg, il faut poursuivre une politique d’investissements conséquente. Cela inclut notamment des investissements conséquents dans une infrastructure énergétique durable, en augmentant considérablement la part des énergies renouvelables. Cela permettrait au Grand-duché de limiter aussi bien sa dépendance de l’étranger que des énergies fossiles. Une telle politique doit par ailleurs garantir la sécurité de l’approvisionnement.
Au niveau des transports publics, il faut développer l’ensemble du réseau (train – bus – tramway) et soutenir en même temps la mobilité douce et le covoiturage. En même temps, la coopération au niveau de la Grande Région doit être développée et des projets communs lancés.
Les investissements publics doivent aussi inclure une politique de soutien à l’assainissement énergétique des logements.
En général, les investissements dans la recherche fondamentale, mais aussi la recherche appliquée dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques devront être augmentées. De même, il faut soutenir des politiques R&D dans les entreprises pour adapter leurs processus de production aux exigences climatiques, de développer des technologies de pointe en vue de décarboniser les industries particulièrement énergivores, de promouvoir la création d’emplois «verts» et les potentiels pouvant se dégager d’une plus grande circularité de l’économie.
Des moyens supplémentaires doivent aussi être mis à disposition dans le contexte d’un plan de transition juste national – à établir après concertation entre l’Etat et les partenaires sociaux – comprenant notamment des mesures d’adaptation, de formation continue et de requalification pour les salariés, dont les emplois seraient menacés par les mesures à prendre dans le contexte de la transition écologique et énergétique.
Outre les investissements de l’Etat central, des organismes publics tels que la SNCI, mais aussi le Fonds de compensation du régime de pension auront leur rôle à jouer pour mettre en œuvre une telle politique d’investissements volontariste. En ce qui concerne en particulier la politique d’investissement du Fonds de compensation, l’OGBL demande une réorientation qui garderait la cohérence avec les objectifs climatiques du gouvernement, en ne prévoyant pas seulement un arrêt des investissements dans le nucléaire, mais aussi dans les énergies fossiles (charbon, pétrole…).