Lors de l’émission «Background am Gespréich» diffusée sur les ondes d’RTL-Radio le 14 juin 2014, le président de la Fédération des industriels luxembourgeois (FEDIL), Robert Dennewald, n’a pas manqué de proposer la mise en place d’un jour de carence en cas d’incapacité de travail aux dépens des salariés. Moyen par lequel il entend combattre le soi-disant absentéisme abusif.
Selon lui le taux d’incapacité de travail ne cesserait de croître et constituerait des dépenses inutiles pour les employeurs et le système en soi. Il estime qu’avec l’introduction d’un jour de carence on pourrait faire une économie d’environ 100 millions d’euros. Par contre, jusqu’à ce jour, il n’a pas encore communiqué la base de calcul utilisée pour arriver à ce montant invraisemblable.
Surtout que le ministre Romain Schneider a souligné que l’absentéisme abusif ne coûterait pas 100 millions d’euros, mais au maximum, environ 53 millions d’euros.
L’OGBL ne peut pas accepter ces propos et tient à signaler que les dernières études menées par l’Observatoire de l’absentéisme ont révélé un taux d’incapacité de travail au Luxembourg inférieur à celui des pays voisins.
Par exemple en France (hors Alsace et Moselle), les trois premiers jours de l’arrêt pour cause de maladie ne sont pas remboursés par le système de la sécurité sociale et sont à charge des salariés (secteur privé et secteur public). Néanmoins, on doit constater que le taux d’incapacité de travail y est plus élevé qu’au Luxembourg. Donc, l’introduction des jours de carence n’est sûrement pas le moyen pour réduire le taux en question.
Selon le ministre Nicolas Schmit, le taux d’incapacité de travail n’a connu qu’une faible augmentation ces dernières années au Luxembourg. Il est passé de 3,25% en 2009 à 3,73% en 2013.
Par ailleurs, nous tenons à signaler que lors de la présentation du décompte de l’assurance maladie – maternité de l’année 2013, l’administration de la CNS nous a fait remarquer que le nombre de jours d’incapacité de travail pour l’année 2013 a baissé par rapport au nombre de jours enregistrés pour l’année 2012. On peut donc en déduire que le taux d’incapacité de travail a baissé.
S’y ajoute qu’en analysant les chiffres, l’Observatoire de l’absentéisme a constaté qu’au Luxembourg le plus grand nombre d’absences constituent des incapacités de travail de longue durée et non pas de courte durée souvent liées au stress au travail, au mobbing, burn-out ou aux maladies psychosomatiques voire mentales.
Au lieu de pénaliser l’ensemble des salariés ne serait-il pas préférable d’améliorer les conditions de travail? Et s’il existait des salariés qui essaient de profiter du régime de l’incapacité de travail, l’OGBL rappelle que les médecins ont une déontologie professionnelle qui ne leur permet pas d’établir des certificats médicaux de complaisance.
L’introduction d’un jour de carence ne serait donc ni la solution miracle, ni une solution acceptable pour l’OGBL!
En attendant que l’Observatoire de l’absentéisme publie – encore avant les vacances d’été – des chiffres actualisés, l’OGBL est déjà convaincu qu’ils confirmeront une tendance vers le bas.
Enfin, l’OGBL rappelle que lors de la grève générale du 9 octobre 1973, les salariés se sont mobilisés entre autres dans le but d’abolir les jours de carence en cas d’incapacité de travail. Par conséquent, laissons l’idée du jour de carence demeurer un vestige du passé.