Lettre ouverte à l’attention de Monsieur le Ministre, Claude Meisch

Monsieur le Ministre,
le SEW/OGBL approuve l’édiction par le ministère de l’Education Nationale d’un concept à plusieurs niveaux successifs pour répondre à une propagation du virus Covid 19 dans nos écoles. En effet, cette stratégie semble être aux yeux du SEW/OGBL adaptée à la situation sanitaire actuelle et devrait permettre de cerner les foyers infectieux et réduire les risques pour les acteurs scolaires, parascolaires, les familles et l’entourage.

Le SEW/OGBL se rallie également au concept d’une rentrée dans la plus grande normalité. Après l’épreuve du confinement et une année 2020 difficile, les élèves ont fortement besoin de retrouver une normalité scolaire propice aux apprentissages.

Toujours prêt à partager son expertise du terrain, le SEW/OGBL s’attendait à être impliqué dans l’élaboration et l’établissement des mesures, le diable se cachant habituellement dans les détails. Or, par la divulgation de ce plan, conçu sans collaboration avec les spécialistes du terrain et premiers concernés, quelques jours seulement avant la rentrée, les lacunes apparaissent dès la mise en application. Les consignes vagues et l’absence de stratégie d’implémentation concrète sèment doute et désarroi parmi la communauté scolaire.

Des procédures claires, transparentes et valables pour tous aideront à restaurer un climat de confiance aussi bien pour les parents que pour les enseignants.

Il est impératif que les procédures établies soient précisément définies et clairement articulées. Une communication efficace des mesures, qui seront nécessairement identiques aux quatre coins du Luxembourg, aideront à limiter l’augmentation de facteurs anxiogènes et à réinstaller un climat de confiance parmi les élèves, les parents et les enseignants. Dans ce contexte, il importe de définir clairement les étapes et leurs implications pour les écoles :

  • Définition des personnes-pivot et responsables de la communication
  • Définition des voies de communication et des canaux
  • Définition du domaine de compétence des différents acteurs impliqués
  • Définition précise des modalités de l’isolement dans le bâtiment scolaire
  • Définition d’une mise en réseau des communes et directions
  • Définition de canaux d’urgence pour une communication hors heures de bureau (avec les autorités communales, les institutions externes, etc)

Toutes ces communications doivent se faire dans le respect de la protection des données.
Face à une situation sanitaire évolutive, une réaction adaptée et modulable doit être de mise. Une actualisation des mesures et une diffusion de la dernière version bien identifiable et par écrit à tous les acteurs concernés est nécessaire.

Le cas le plus fréquent sera sans aucun doute l’isolement d’une classe dans un bâtiment scolaire, mesure décrite le 09 septembre 2020 dans la Circulaire Ministérielle 200909 de la rentrée et dont les informations ne correspondent déjà plus avec les informations accessibles sur le site internet du ministère.

La procédure évoluée prévoit la mise en quarantaine d’office des élèves et enseignants concernés avec interdiction de quitter le domicile, l’accès à la maison-relais ainsi que l’utilisation du transport scolaire (et public) sont proscrits. Une dérogation est par contre délivrée simultanément pour suivre les cours, respectivement pour continuer à enseigner – cette virevolte sème l’incompréhension et le doute parmi la communauté scolaire et les parents d’élèves. La quarantaine n’est levée qu’après un résultat de test Covid (prélèvement nasal) négatif, une intervention médicale pénible qui sera indubitablement répétitive et ne manquera pas de détériorer l’atmosphère dans les écoles. Pour éviter cette épée de Damoclès qui d’ores et déjà plane au-dessus des élèves et enseignants, le SEW/OGBL se demande par exemple si le port permanent du masque augmenterait durablement la protection à l’école et permettrait de se recentrer sur les apprentissages.

Quelle est la normalité visée pour nos écoles ?

Sera-t-on plus enclin à porter le masque en permanence ou à attendre le coup de téléphone fatidique de la mise en quarantaine et de ses conséquences ?

Se posent donc de nombreuses questions qui décontenancent la communauté scolaire.

1. Lors du scénario 1 : Cas isolé dans une classe

  • Bâtiment scolaire
    • Comment isoler les élèves d’une classe lors de l’arrivée et la sortie de l’école ?
    • Quelles sont les consignes pour l’utilisation des installations sanitaires ?
    • Quels enseignants restent en contact avec la classe ?
    • Quelles sont les consignes en cas de maladie de l’enseignant-titulaire ?
    • Quelles sont les consignes en cas de non-remplacement de l’enseignant ?
  • Transport scolaire (compétence communale)
    • Qui informe les autorités communales, quand et comment ?
    • Qui diffuse l’information aux parents de l’exclusion de leur enfant du transport scolaire ?
    • Quelle alternative est offerte aux parents ?
    • Que faire si une famille est tributaire de ce transport ?
  • Maison-Relais (compétence communale/institution externe)
    • Qui diffuse l’information aux responsables de la maison-relais, quand et comment?
    • Qui diffuse l’information aux parents de l’exclusion temporaire de leur enfant?
    • Quelle alternative est offerte aux parents ?
    • Que faire si une famille est tributaire de cet encadrement?

2. Lors du scénario 2 : Plusieurs cas positifs dans une classe

  • Définition de « plusieurs cas positifs »
  • Qui définit le nombre de cas atteints pour la mise en quarantaine ?
  • Qui informe la communauté scolaire, comment et quand ?
  • Qui identifie les enseignants à mettre en quarantaine et par quels critères ?

Dans le milieu scolaire, les conséquences néfastes de l’apparition de rumeurs empêchent autant les enseignants que les parents de se préparer correctement au cas réel. Pour éviter tout dérapage, l’information des procédures élaborées doit être communiquée simultanément aux différentes instances concernées, aux enseignants, parents, responsables communaux, collaborateurs de maison relais, mais aussi associations sportives, culturelles, musicales…

Le SEW/OGBL constate qu’actuellement, chaque direction régionale établit ses propres procédures en impliquant plus ou moins les acteurs concernés, alors que les différentes communes définissent leurs mesures locales sans coordination avec les directions.

Le SEW/OGBL propose d’utiliser enfin à bon escient l’application SCOLARIA qui regroupe de manière sécurisée les données des élèves, parents et intervenants dans les différentes classes pour envoyer de manière automatisée un message préconçu à une population ciblée lors du passage à l’une des mesures Covid, ce qui permettrait de réduire les heures passées au téléphone lors d’un déclenchement d’alerte.

En première ligne, l’enseignant se retrouve pris dans la tourmente d’informations contradictoires, de mesures vaguement définies, de communications aléatoires et au final est seul responsable. Acteur clé dans la procédure de dépistage, l’enseignant doit juger sans compétence médicale et sur base de symptômes répandus (ex. combinaison de « fatigue ET maux de tête ») si un élève doit être isolé, écarté et les parents prévenus. Pour éviter que les inévitables fausses alertes n’enveniment l’atmosphère déjà tendue, une cellule réactive et adaptée au contexte scolaire spécifique est indispensable.

Le SEW/OGBL demande l’appui rapide et sans formalisme des services socio-médicaux-scolaires et des infirmières ou médecins scolaires afin d’identifier efficacement les élèves en question et d’éviter un cumul de fausses alertes néfastes à toute la communauté scolaire. Il faut viser à minimiser la sollicitation des parents d’élèves pour venir rechercher leur enfant à l’école et aller consulter un médecin et ceci pour éviter un impact négatif sur les lieux et processus de travail des parents.

Il faut également songer à clarifier la situation des enseignants vulnérables. Il est impératif de les protéger en tenant compte de la nature de leur tâche et de leur proposer des solutions adéquates, si le seul respect des gestes-barrière ne convient pas ou n’est pas possible.

Devant l’envergure de la tâche de clarification, le SEW/OGBL se propose une nouvelle fois de participer à un groupe de travail à créer par le MENJE qui réunit tous les acteurs du système scolaire pour conseiller le MENJE pour l’implémentation rapide et efficace des mesures en tenant compte des besoins des écoles et des enseignants – ceci dans un esprit de transparence, pour permettre aux élèves de continuer leur scolarité de la manière la plus normale possible.

Dans l’attente de vous lire, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Patrick Arendt
président du SEW/OGBL

>> Lettre ouverte à l’attention de Monsieur le Ministre, Claude Meisch (PDF)