La crise sanitaire rend visible le travail essentiel des femmes

L’égalité ne peut plus attendre!

Les crises aggravent en général les inégalités existantes et par conséquent, elles touchent les femmes et les hommes différemment.

La crise sanitaire provoqué par le Covid-19 a démontré que le travail rémunéré des femmes se concentre davantage dans les secteurs des soins et des services et qu’il est souvent lié à des conditions de travail difficiles et/ou mal rémunéré, instable ou à temps partiel. La première ligne dans la lutte contre la crise sanitaire a majoritairement été assurée par des secteurs traditionnellement considérés comme étant «féminins». Dans le secteur de la santé et de l’action sociale par exemple, 76% des salarié.e.s sont des femmes et dans le nettoyage, les femmes représentent 83% du personnel.

Les infirmières et les travailleuses du soin ont été mises à l’honneur, mais elles ont souvent des conditions de travail épuisantes. La société semble également enfin se rendre compte de l’importance cruciale des salarié.e.s du commerce. Encore une fois, ce sont majoritairement des femmes qui occupent les postes qui sont au contact direct avec la clientèle — comme les caissières et les vendeuses — et qui sont donc particulièrement exposées au risque sanitaire.

Les femmes n’assument pas seulement la plus grande partie du travail du «Care» rémunéré, elles sont également les principales dispensatrices de soins à la maison. Ce sont souvent les femmes qui prennent soins des enfants, des personnes âgées, des malades et qui assument la plus grande partie du travail domestique. Les femmes représentent 82% des familles monoparentales au Luxembourg. Dans la sphère privée, elles assument en moyenne 3 fois plus d’activités relevant du travail du «Care» que les hommes. Le télétravail a pour beaucoup de femmes lourdement augmenté leur double charge de travail (rémunéré et non-rémunéré) et effacé les frontières entre vie privée et professionnelle, générant ainsi du stress supplémentaire. En effet, des études suggèrent déjà que les normes culturelles et sociales imposent souvent que ce soient les femmes qui prennent en charge les travaux ménagers, ce qui a un impact négatif sur leurs performances professionnelles.

Le travail du «Care» non rémunéré, qui a été amplifié par la crise, est un des piliers les plus importants de notre société. Il reproduit et soutient la main-d’œuvre et évite au gouvernement de dépenser beaucoup plus pour des services publics comme notamment les soins aux personnes âgées et la garde d’enfants.

En général, le travail du «Care» est souvent considéré comme non-productif et comme une ressource renouvelable gratuite. Cependant, il constitue un fondement essentiel de notre société. Face à la paralysie d’une partie de l’économie, de nombreux soins et services ont officiellement été déclarés «essentiels». A travers le prisme clarificateur d’une pandémie mondiale, l’importance du travail du «Care» semble soudainement bien plus évidente. Ce travail essentiel n’occupe pas seulement beaucoup de temps, mais engendre aussi une énorme charge physique et mentale.

Afin d’assurer un partage égalitaire du travail du «Care», qu’il soit ou pas rémunéré, et d’améliorer la condition des femmes, l’OGBL Equality revendique le renforcement des politiques en faveur de l’égalité des genres. La crise ne doit en aucun cas amplifier les inégalités. Au contraire, la crise doit servir d’incitatif pour accélérer la mise en place de mesures pour assurer l’égalité.

  • L’OGBL Equality demande au ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes de réaliser une enquête pour mesurer l’impact de la crise du Covid-19 sur les ménages et les femmes dans le monde du travail. Comment les couples ont-ils organisé le «homeschooling» et qui a pris en charge ce travail? Comment se sont organisées les familles monoparentales et quelles ont été les principaux obstacles ? Sous quelles formes a été organisé le télétravail?
  • L’OGBL Equality demande au ministère de la Sécurité sociale de fournir les données quant au recours au congé pour raisons familiales extraordinaire, ventilées par genre. En effet, il est important d’analyser l’impact sur les carrières des salarié.e.s et sur les relations de travail.
  • L’OGBL Equality revendique également que les données sur les licenciements et les CDD non reconduits pendant et après la crise soient communiqués et ventilées par secteur et par sexe. De façon générale, nous devons constater un flagrant manque de données statistiques concernant les inégalités entre hommes et femmes au Luxembourg.
  • L’OGBL Equality invite le gouvernement à promouvoir davantage l’égalité entre hommes et femmes, alors que des métiers principalement «féminins» ont été parmi les plus durement frappés par la crise. Le gouvernement devrait également s’engager pour la mise en œuvre de la directive européenne «Pay Transparency».
  • L’OGBL Equality estime que des mesures permettant une meilleure organisation de la vie privée et du temps de travail (work-life-balance) doivent rapidement être mises en place, de manière à laisser aux hommes et aux femmes suffisamment de temps pour s’occuper de leurs enfants et de leurs proches, tout en gagnant leur vie. Dans ce contexte, l’OGBL rappelle sa revendication visant une réduction générale du temps de travail, mais demande aussi une amélioration du congé pour raisons familiales et de la continuation du congé pour soutien familial ainsi que l’introduction d’un droit au temps partiel avec une garantie de retour.
  • L’OGBL Equality revendique la revalorisation immédiate de tous les métiers du «Care» aussi bien en ce qui concerne les conditions de travail, les formations initiales et continues, que les rémunérations et les carrières.
  • L’OGBL Equality préconise également la création d’un label «égalité de traitement» pour mesurer et valoriser les mesures en faveur de l’égalité ainsi que le respect des dispositions légales et conventionnelles dans les entreprises.

Communiqué par l’OGBL Equality,
le 26 mai 2020