« Déi bescht Klass vu Lëtzebuerg »

Editpress_EcoleLe 1er mars 2017, l’inspectrice-attachée, chef de service de l’enseignement fondamental, a adressé un courriel aux présidents des comités d’école pour encourager les titulaires des classes du cycle 4.1. à participer au concours « Déi bescht Klass vu Lëtzebuerg » organisé par RTL.

Ce concours, se situant dans un esprit de compétition et faisant croire à la sélection des meilleurs à travers des questions à choix multiples, a pour objectif principal d’accroître le taux d’audience d’RTL et de remplir sa grille de programmes tout en invitant les classes finalistes — élèves, enseignants et parents — à arpenter les couloirs d’un Centre commercial. Seule justification pour convaincre les enseignants à tenter l’expérience, elle est réalisée à l’instar d’initiatives qui existent à l’étranger, comme le courriel du MENJE le précise.

A la classe gagnante, en guise de 1er prix, sera offerte une excursion dans un parc d’attraction.

Le ministère a tenu quand même à préciser que la participation des élèves requiert l’autorisation préalable des parents et des autorités communales.

En date du 14 février, le ministère avait déjà mis en garde les enseignants que la participation à un concours de dessin organisé par une banque pour laquelle les données personnelles des enfants doivent être transmises à l’organisateur, ne pourrait se faire qu’avec l’autorisation préalable des parents. Le ministère avait réagi avec ce courriel à une instruction de la Commission nationale pour la protection des données suite à des plaintes formulées par des parents concernés dans le passé.

Il faut toutefois reconnaître que cette procédure exerce toujours une forte pression sur les parents qui malgré leurs réticences, se sentiront certainement très mal à l’aise de priver leurs enfants d’activités prévues par le titulaire de classe et promues par le ministère.

Rappelons cependant que ces activités organisées par des entreprises privées cherchant à capter un public captif pour des opérations de marketing et de fidélisation de futurs clients se multiplient depuis un certain temps. Sous couvert d’objectifs plus ou moins pédagogiques, les écoles sont de plus en plus sollicitées par des entreprises pour participer à des programmes souvent instructifs et assez bien ficelés pour ne pas laisser apparaître la promotion des produits à placer.

Le SEW/OGBL estime que les enseignants qui participent avec leurs élèves à de telles activités doivent rester vigilants et user de leur esprit critique pour ne pas livrer des « proies » faciles aux stratégies publicitaires subtiles des entreprises, car les enfants du fondamental ne sont pas encore en mesure de développer une attitude critique face à un marketing qui se cache derrière des objectifs pédagogiques. Ainsi, il s’agit à chaque fois de peser les avantages d’une ouverture de l’école sur le monde des entreprises face aux inconvénients que cela peut comporter.

Malheureusement cet esprit critique ne semble pas prévaloir au MENJE lorsqu’il invite les enseignants à participer à une émission qui transforme les connaissances en éléments de compétition. Le SEW/OGBL a du mal à voir les objectifs pédagogiques et culturels poursuivis par ce genre de compétition.

Communiqué par le SEW/OGBL
le 7 mars 2017