Il n’y a rien de plus performant qu’un système de pensions public et solidaire

Le Comité national de l’OGBL s’est penché, dans sa réunion du 27 juin 2017, sur l’avenir du système de pensions. L’OGBL a en effet décidé d’anticiper la discussion à venir. Une discussion programmée d’avance par la dernière réforme opérée en 2012 et qui aura lieu au cours de la prochaine législature. L’OGBL annonce dans ce contexte d’ores et déjà qu’il scrutera de très près ce que les différents partis politiques écriront à ce propos dans leur programme en vue des élections nationales de 2018.

En ce qui concerne la situation financière actuelle du système de pensions, autant dire qu’avec des réserves présentant presque 5 fois le volume des dépenses courantes, il n’y a actuellement aucune raison de s’inquiéter à court ou moyen terme de la viabilité du système. L’OGBL tient par ailleurs à signaler qu’il n’accorde aucun crédit aux études projectives à long terme qui prophétisent des scénarios allant au-delà d’une période de 10 voire 15 ans au maximum. Pour l’OGBL, il serait en effet irresponsable de prendre au sérieux des études s’aventurant au-delà d’une telle période pour prendre des décisions politiques, alors que l’histoire a suffisamment démontré que ce type d’études s’est toujours révélé incapable de prédire les évolutions réelles, qui dépendent d’autres variables également impossible à prédire autant de temps à l’avance (évolutions de la croissance économique, de la productivité, de l’emploi, etc).
L’OGBL souligne ensuite qu’il est et reste très fortement attaché au système de pensions public et solidaire. Les alternatives, qui consistent en des assurances privées et commerciales, sont très loin de présenter les mêmes avantages pour la population. En effet, le système de pensions tel que nous le connaissons aujourd’hui garantit que:

  • les cotisants d’aujourd’hui financent les retraites d’aujourd’hui et les cotisants de demain financeront les retraites de demain (système de répartition)
  • un niveau de prestation minimum est fixé suivant une logique de redistribution allant du haut vers le bas
  • la reconnaissance de périodes au cours desquelles un individu n’a pas cotisé (études, parentalité)
  • la fixation par la loi du montant des prestations, comprenant notamment le mécanisme de l’index
  • un facteur de stabilisation et donc de cohésion sociale en temps de crise (il suffit d’observer que les pays qui ont le mieux traversé la crise sont ceux qui disposent des systèmes de pensions les plus performants)

Pour l’OGBL, il est évident que différents acteurs très bien identifiés (patronat, assurances privées, think tank néolibéraux) ont un intérêt tout particulier à vouloir dénaturer, voire détruire ce système public et solidaire. En effet, un système alternatif à base d’assurances privées et commerciales comme ils le préconisent presque quotidiennement lorsqu’ils s’expriment dans les médias, leur permettrait de générer encore davantage de profits qu’aujourd’hui. Mais il faut bien voir que ce serait au détriment du plus grand nombre et de la cohésion sociale dans le pays.
Sous l’influence de la Commission européenne, le Luxembourg a déjà connu en 2012 une réforme négative du système de pensions – à laquelle l’OGBL s’est opposé et qu’il continue de critiquer – introduisant une détérioration progressive et continue des prestations. Les jeunes générations voient aujourd’hui déjà leur future retraite amputée de 14%. Comment peut-on seulement parler de solidarité intergénérationnelle dans ce contexte? C’est tout le contraire qui a eu lieu. Et l’OGBL ne tolérera pas que cela se reproduise.
Si la viabilité du système de pensions devait un jour être en danger, l’OGBL souligne qu’il s’opposera aussi bien à toute détérioration supplémentaire des prestations qu’à un éventuel allongement de l’âge légal de départ à la retraite. Pour l’OGBL, le cas échéant, il ne peut y avoir qu’une piste envisageable: une augmentation du taux de cotisation qui n’a plus évolué depuis plus de 50 ans et qui demeure relativement bas comparativement aux autres pays. L’OGBL ne s’opposerait pas non plus à une initiative politique consistant à commencer à relever progressivement le taux de cotisation dès la prochaine législature, afin d’éviter ainsi une augmentation brutale à l’avenir. Ceci aurait d’ailleurs comme avantage de garantir également à l’avenir l’application du mécanisme d’ajustement des retraites qui pourrait sinon être mis en suspens en fonction du niveau des réserves, comme le stipule la réforme de 2012.
Toujours au cas où se poserait à l’avenir un problème de financement, l’OGBL propose par ailleurs un déplafonnement des cotisations (fixé aujourd’hui à 5 fois le salaire social minimum) couplé à un principe dégressif en matière de prestations, introduisant ainsi un principe supplémentaire de redistribution.